Un livre bouleversant, qui tisse sa trame dans les souffrances de la vie de Brodeck. Brodeck a une vie qui me fait penser à cette phrase de Platon : "Fais preuve de gentillesse envers tous ceux que tu rencontres, leur combat est peut-être plus dur que le tien." Et Brodeck en terme de malheurs, il a été bien servi. Orphelin, rescapé d'un camp, il a retrouvé son village où manifestement les autres n'ont pas tous et toujours suivi les conseils de Platon...
Ce roman m'a aussi fait beaucoup pensé à La Vague de Todd Strasser ; on retrouve comment tout un chacun, par peur, instinct de survie ou instinct grégaire, peut basculer du côté obscur.
Brodeck est émouvant et vous n'êtes pas à l'abri de verser quelques larmes de compassion. Avec la vieille Fédorine, la petite Poupchette et sa bien aimée Emelia, ils forment un quatuor de gentillesse, de simplicité, de pureté et d'innocence, broyé dans la machine de l'Histoire jusqu'au coeur d'un tout petit village perdu.
L'Anderer quant à lui, titille l'imagination, avec ses animaux plus humains que le humains, ses manières délicates, ses occupations artistiques et les mystères qui l'entourent : d'où vient-il ? Pourquoi est-il là ? Des questions auxquelles le village choisit de répondre...à sa manière.
J'ai aussi beaucoup apprécié l'écriture qui est très axée sur la nature, comparant souvent avec beaucoup de justesse les personnages à des animaux et certaines scènes à des espaces naturels. On croirait presque sentir l'odeur d'un champ après la pluie et celle d'un chien au poil mouillé. Quant à la présence des mots en allemand, cela sonne très joliment, comme une mélodie jouée sur un carillon cristallin.
Alors, faut-il le lire ? Oui oui oui. Et je m'engage auprès des lycéens : je vais continuer à lire les livres que vous primez ! Merci.