J'ai découvert l'existence du Requiem de Cocteau il y a très peu de temps. Quand j'ai su que ce livre était le dernier livre de poésie publié du vivant de son auteur et qu'il l'avait écrit alors qu'il était malade, que c'était une sorte de testament poétique, je n'ai pas pu m'empêcher de me le procurer et de le lire dans la foulée.
Un testament poétique, en effet. Près de quatre mille vers au cours desquels Cocteau délivre une puissance poétique sans pareille, utilisant des images parfois étranges, mais toujours intuitivement compréhensibles. Par endroits, c'est un livre surréaliste, car les vers et les images sont peu aisés, toujours renouvelés d'une nouvelle force créatrice. On se perd un peu dans ce dédale, entre l'épigraphe et l'épitaphe finale, mais sans cesse on se retrouve chargé d'une rage de vivre que Cocteau arrive à transmettre et qui est tout bonnement incroyable, comme si c'était son premier livre, son tout premier, annonçant d'autres milliers d'ouvrages.
Les vers sont travaillés. On oscille constamment entre vers libres, octosyllabes, alexandrins, rimes, non-rimes ; et c'est la variété de ces compositions qui rend ce poème puissamment vivant et fort. Sans que l'on s'y attende, Cocteau nous amène dans des contrées insoupçonnées grâce à des images étonnantes.
Le livre est composé de sept "périodes", régulièrement jonchées de "haltes" qui permettent au lecteur de se poser un peu, avant de se replonger dans le flot incessant des mots.
J'attendais énormément de ce livre et, étrangement, l'auteur a réussi à me surprendre, à me faire vibrer, bref, à tout faire sauf me décevoir. Je suis passionné par les "dernières œuvres", les testaments, les chants du cygne, car on ne sait jamais ce qu'un auteur ou une autrice peut cacher au détour d'un paragraphe ou d'une strophe qui révélerait des choses sur son œuvre, sur son existence.