Beaumont-l’Eglise, dans l’Oise. Un froid mordant a figé l’eau de la rivière éponyme et la neige s’accumule en congère sur le parvis de la cathédrale. C’est là-même que les Hubert, chasubliers de père en fils depuis quatre siècles, découvrirent Angélique, une enfant perdue âgée de 9 ans. Celle-ci s’est sauvée de chez ses derniers « parents » adoptifs qui prenaient plaisir à la maltraiter. Sans enfant, le couple tombe sous le charme de la fillette aux yeux de violette et la recueillirent chez eux, la prenant comme apprentie.
Jusqu’à sa communion, Angélique ne sortit de chez les Hubert que le dimanche pour se rendre à la messe. La fillette passait de longues heures à lire des textes religieux, fables, légendes et mythologie chrétiennes, vivant dans le rêve des saints et des saintes combattant Satan, devenant une fervente dévote d’une profonde charité.
Désirant adopter la jeune fille, les Hubert recherchèrent la mère de celle-ci afin d’obtenir un consentement : Sidonie Rougon, fille de Pierre et de Félicité ; Angélique était la nièce de son Excellence Eugène Rougon. Hubert choisit de ne pas se faire connaître de cette femme sans âge et assura à la jeune fille qu’elle était orpheline.
A 16 ans, Angélique (qui était la fille de Sidonie Rougon, petite-fille de Pierre et de Félicité et donc nièce de son Excellence Eugène Rougon) devint une fine brodeuse de talent, rêveuse, soupirant naïvement auprès d’un prince charmant, beau et riche qui viendrait l’enlever pour l’épouser. Dans l’agréable solitude de sa chambre, Angélique vivait dans un monde chimérique de conte de fées. Elle croyait fermement aux miracles et attendait le soir, juchée sur le balcon de sa fenêtre, que le Seigneur lui envoie le sien. Lorsqu’elle aperçut un blond jeune homme, elle fut persuadée d’avoir été exhaussée.
Félicien était peintre verrier. Angélique, perdue, appelait à elle cet amour tant attendu mais craignait dans le même temps le péché, coupable de n’avoir pas parlé à sa mère de cette relation naissante. Le mensonge grandissant de concert avec l’ardeur de sa passion. Aussi préféra-t-elle renoncer à Félicien, lui laisser entendre qu’elle ne partageait pas ses sentiments et l’aimer d’un amour secret et douloureux.
L’amour fut finalement plus fort que ses réticences. Les amoureux finirent pas se trouver et à se déclarer leur flamme quand Angélique découvrit que le jeune homme était en réalité le fils que le richissime évêque avait eu avant d’entrer dans les Ordres. Et dans sa naïveté, elle n’en fut pas surprise car c’était bien un prince qu’elle attendait.
L’extrême différence de richesse et de classe sociale s’éleva toutefois entre les amoureux. Mais Angélique, tout à son rêve d’ingénue, restait persuadée que l’au-delà allait lui venir en aide, lui faire franchir tous les obstacles et la donner à Félicien. L’évêque refusa pourtant son consentement. A son fils d’abord, puis à elle qui vint le trouver pour plaider sa cause. Elle promit alors de ne plus chercher à revoir le jeune homme. Et de l’oublier. Commença alors son chemin de croix entre l’humilité de sa basse condition et la tentation de désobéir. Entre le Bien et le Mal, Angélique perdit le sommeil. Puis l’appétit. Et se réfugia dans le travail, jusqu’à l’abrutissement, y sacrifiant sa santé.
A l’article de la mort, alors qu’on lui donnait l’extrême onction, Angélique revint miraculeusement à la vie. Attendri par cette innocente jeune fille et puisque Dieu lui-même semblait consentir, l’évêque donna finalement son fils. Cependant, très affaiblie, Angélique mourut dans les bras de son époux sur le parvis même de la cathédrale dans laquelle venait d’être célébrée leur union.
Un livre dans lequel j’ai trouvé de nombreuses longueurs, d’interminables paragraphes sur les saints locaux. Presque un huis-clos car l’action ne quitte jamais la maison des Hubert et le clos jouxtant la cathédrale. Presque étouffant de me sentir enfermé au fond de cette ruelle, dans l’atelier des brodeurs et la chambre virginale de cette jeune fille illuminée. Le lecteur est tenu un peu malgré lui à l’écart des dures réalités du Second Empire dont est pleine l’œuvre de Zola. Aux côtés d’Angélique, on plane dans les limbes éthérés d’un conte pour enfant et on souffre de la voir si naïve, si innocente.
J’avoue avoir parcouru des pages en diagonale et de m’être ennuyé à plusieurs reprises.