De l’histoire de l’Afrique, on ne connaît que ce qui peut croiser notre histoire européocentrée : les civilisations antiques, la conquête islamique, et bien sûr la colonisation. Cette histoire très lacunaire laisse non seulement de côté, jusqu’à l’ère moderne, l’ensemble de l’Afrique subsaharienne ; mais elle occulte également presque tout à fait la période qui, de la chute de l’Empire romain aux débuts des empires coloniaux européens, correspond à peu près à « notre » Moyen Âge. Le Rhinocéros d’or se propose de combler cette lacune en balayant largement cette période et en évoquant la plupart des grands royaumes connus en Afrique sur cette période.
Mais pour reconstituer cette dizaine de siècles, les sources sont malheureusement rares. Surtout, toutes proviennent de regards extérieurs : du monde musulman, beaucoup, d’Europe, parfois, plus rarement d’Asie. En dépit d’un très impressionnant travail de compilation, l’historien ne peut donc pas faire mieux que proposer, par bribes et avec moult pincettes, des éclairages successifs sur ces sociétés africaines médiévales (d’où le sous-titre, « histoires » au pluriel) - principalement de la corne de l’Afrique, de la côte est et du Sahel occidental.
Celles-ci restent donc, faute de matériau de première main, assez mystérieuses : on ne saura quasiment rien de l’organisation politique, de la spiritualité ou de la vie quotidienne de ces société d’ailleurs forcément très disparates. Les courts chapitres du Rhinocéros d’or s’avèrent donc souvent frustrants, même si François-Xavier Fauvelle parvient parfois, notamment au travers de l’évocation du patrimoine médiéval africain (des églises taillées dans la roche de Lalibela au Grand Zimbabwe en passant donc par ce fameux Rhinocéros d’or), à donner à imaginer ce qui a pu survenir au cours de ces siècles oubliés.