C'est le second roman de Pierre Péju que je découvre et j'y retrouve ce qui m'a plu et moins plu dans "La Petite Chartreuse".

D'abord un style délicieux, qui fait chanter, crisser la langue, qui lui donne un relief et transporte le lecteur au plus près de ses personnages, à coups de métaphores animales qui résonnent dans la tête et dans le corps.
Oui, le style de Pierre Péju est puissamment physique, par ses phrases courtes, le choix des mots -verbes forts, adjectifs crus- qui rudoient le lecteur et l'accrochent à ses lignes.

Ensuite une première partie de roman qui m'a mise au bord des larmes.

Pierre Péju nous dit : "Les hommes, c'est l'un après l'autre qu'on imagine leur calvaire, pas en masse. Si la souffrance est massive, elle devient abstraite. L'humain en général, l'humain exterminé en masse échappe à notre compassion"
Et son roman en est l'illustration, évocation des horreurs de la seconde guerre mondiale dessinées au travers d'un unique fait tragique et de ses répercussions, quintessence de toutes les atrocités que l'Homme est capable de se faire à Lui-Même.

Pierre Péju semble avoir un attrait particulier pour ces vies brisées, cassées ou justes fêlées, que rien ne semble pouvoir réparer. C'est sans doute ce qui m'a frustrée le plus dans ses romans : cette démonstration d'une forme d'absurdité, de vanité de la vie.
Et même si, ayant lu "La Petite Chartreuse", j'étais préparée à suivre des personnages comme des gouffres béants que rien ne peut combler, j'ai fini par m'en détacher aux 3/4 du roman, lassée de leurs rencontres stériles et de leur incapacité à vivre.

J'ai terminé de lire ce roman plus pour la forme que pour le fond, car le style de Pierre Péju reste un régal du début à la fin.
Nathayla
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le 15 janv. 2012

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