Bonjour, ci dessous une réflexion déjà ancienne sur la légende de Tristan et Iseult.
Tristan versus Œdipe
De l'utilité d'une fiction alternative
Auteur : Plusieurs auteurs du XII° siècle (Béroul, Thomas, Marie de France, anonyme)
Ouvrages d'étude utilisé :
Sophocle, Œdipe Roi, Paris, Le livre de poche classique, 1994 (traduction VH. Debidour).
Tristan et Iseut, Le Livre de Poche, 1972 (édition renouvelé en français moderne par René Louis).
Tristan et Iseut, Paris, Petits classiques Larousse, 1974 (traduction G. Bianchiotto).
Le texte.
Mon goût, autant que des motivations inconscientes non encore élucidé de moi à ce jour, m'ont conduit à m'intéresser à la légende de Tristan et Iseult comme possible conte de support alternatif à l'histoire d'Œdipe pour illustrer un phénomène majeur de la construction personnelle. J'ai eu pour mener cette réflexion eut recourt aux textes de la légende rédigés par divers auteurs au XII°siècle tel qu'ils sont traduit en français moderne dans les éditions française.
Si à leurs époques d'élaboration les mythes se caractérisent par une grande plasticité découlant de la tradition orale et des différences régionales, ils connaissent à partir de leurs passage à l'écrit sédimentation qui font qu'ils apparaissent à notre époque comme des récits relativement intangible. Si un historien comme JP. Vernant a pu souligner le caractère multiforme de la légende œdipienne, qui ne constitue qu'une partie de la saga des Atrides, dans la Grèce antique, il n'en demeure pas moins que pour la période contemporaine celle-ci présente une structure narrative relativement fixe. Les auteurs qui au XX° siècle revisitent les mythes n'envisagent pas de s'affranchir des péripéties essentielles .
Motivations :
Le présent travail de réflexion se propose comme objectif de questionner la saga de Tristan et Iseult dans sa dimension initiatique, il trouve sa motivation première dans un désir personnel de faire évoluer une analyse personnel en recourant à un schéma moins implacable et tragique que celui véhiculé par la légende de l'Œdipe Roi de Sophocle qu'utilise S. Freud pour caractériser le processus de structuration de l'individu à travers l'identification positive ou négative à l'égard de ses parents.
Cette recherche d'une légende alternative découle d'un très fort sentiment de culpabilité personnel vis à vis d'un désir ressentit comme coupable qui m'amène à rechercher une mythologie porteuse d'une vision du mécanisme œdipien moins culpabilisante et implacable que celle illustrée par Œdipus Rex au profit d'une fiction plus conciliante et réconciliatrice incarné, à mes yeux, par la légende de Tristan et Iseult.
Il n'entre pas dans mon projet de remettre en cause la pertinence des concepts freudien associé à la légende d'Œdipe ou d'entrer dans les querelles et controverses qui ont traversé l'histoire du mouvement psychanalytique, mais plus simplement de m'interroger sur l'impact que le choix d'une telle légende comme support fictionnel à la description de mécanismes psychiques peut avoir comme influence sur l'appréhension de ceux-ci. En terme simple, il me semble permis de m'interroger sur la pertinence du choix de l'histoire d'Œdipe comme support exclusif du complexe du même nom. Baptisé autrement par son concepteur le complexe d'Œdipe n'aurait peut-être pas été aussi parlant et aurait surement connu un moindre succès public, mais il aurait peut-être été aussi moins chargé d'un sentiment tragique attaché au mythe.
Il m'apparait en effet que la charge émotive qu'apporte la fable illustrant la description d'un phénomène de structuration psychique aussi important n'est pas sans influences sur l'appréhension que l'on se fait dudit phénomène. Il semble à cet égard que le succès de la psychanalyse au XX° siècle ait fortement contribué à la réactivation dans le grand public d'un mythe dont l'aspect de fatalité implacable ne manque d'influer sur la commune vision du monde.
Il est frappant que S. Freud qui disposait d'autres mythes ait choisi l'histoire d'Œdipe et Jocaste pour illustrer le mécanisme d'identification et d'attachement de l'enfant à ses parents . Si l'histoire d'Œdipe a le mérite d'illustrer clairement le problème du fantasme d'inceste entre mère et fils, il y dans le même temps une dimension tragique qui ne parait pas être sans conséquences. En s'appuyant sur la tragédie de Sophocle pour décrire sa théorie, S. Freud semble avoir contribué à réactiver la dimension structurante de ce mythe dans la civilisation occidentale alors dominante. Il paraît légitime de s'interroger si le choix de cette histoire support ne confère pas au mécanisme affectif parent-enfant une dimension tragique et culpabilisante. L'histoire d'Œdipe et Jocaste ne pouvant que finir tragiquement (Laios est tué par son fils, Jocaste se pend et Œdipe fuit après s'être crevé les yeux) il semble que les relations parent / enfant ainsi envisagées sont empreint d'une suspicion où parents et enfants se méfient les uns des autres sans qu'ils aient le sentiment de pouvoir échapper à un catastrophe annoncée (l'oracle du parricide et de l'inceste mère fils deux fois prononcé au père et au fils provoquant d'inexorables passages à l'acte ) qui relève de la fatalité. A l'image du parricide d'Œdipe répondant à la tentative de filiacide de Laïos, les relations entre parents et enfants semblent ainsi placés sous le signe du tragique inexorable du fait qui ayant été dit aura obligatoirement lieu.
On peut se demander si en choisissant cette histoire pour supporter son concept le plus fondamental Freud et les psychanalystes ne se sont pas « tiré une balle dans le pied », la psychanalyse ne pouvant ensuite face à la charge tragique d'un tel emblème que proposer par le biais de la cure un aménagement de la tragédie ramenée aux limites d'un drame bourgeois.
De par l'aura scientifique qu'elle lui confère, la psychanalyse opère une sédimentation du mythe qui se trouve érigé au rang de loi. Handicapant, pour le sujet qui s'y confronte, le détachement nécessaire qu'il doit effectué postérieurement à l'égard d'une histoire dans laquelle il se projette, voir se trouve projeter tant il a parfois (souvent?) le sentiment de subir l'histoire. Dans le processus l'amenant à l'autonomie l'individu pour achever de se construire intègre la loi commune en la faisant sienne. Un détachement vis à vis de la fiction porteuse apparaît alors nécessaire à l'instar de l'enfant qui un jour refuse d'entendre à nouveau le conte qu'il a précédemment écouté de multiple fois parce qu'il en a retiré tout le bénéfice émotionnel recherché . Le statut de la légende d'Œdipe comme unique et indépassable support projectif risque de constituer un frein à ce nécessaire détachement l'individu ne trouvant pas à l'exemple des enfants avec leurs recueils de contes une histoire alternative lui suggérant qu'il existe de multiples manières de composer avec les règle de l'œdipe.
Qu'il me soit donc ici permis à la fois d'exprimer mon désir de me confronter à une fiction de mise en scène œdipienne moins lourde de drame et de proposer à travers l'exemple de Tristan et Iseult une fiction alternative illustrant un autre type de conciliation entre loi et désir autant par rapport pour le fils à travers Tristan que pour le père avec le Roi Marc.
Une légende annexée par le romantisme.
Si le mythe des deux amants réunis par l'amour a rendu quasi universel les noms de Tristan et Iseult le fait celui ci n'est pas connu de version écrite prépondérante lui donne une plasticité qui amène les différents créateurs qui s'en servent à lui donner des sens très varié, tandis que le grand public tend souvent à le confondre avec l'histoire de Roméo et Juliette issue l'œuvre de W. Shakespeare . Dans la deuxième partie du XIX° siècle, l'opéra de R. Wagner semble quant à lui vouloir mettre en scène le tragique mortifère du désir qu'illustre la pensée de Schaupenauer et que critique violemment Nietzsche.
Un désir sans culpabilité ?
Si dès le début de la relation entre Tristan et Iseult se place sous le signe de la transgression,leurs relations pouvant s'apparenter à la fois à un inceste Frère / Sœur (ils ont le même âge) et Mère / Fils Iseult étant l'épouse du Roi qui comme oncle apparaît comme un père de substitution auprès de Tristan.
Iseult objet de truchement du désir ?
La dimension maternelle d'Iseult semble quasi absente. Malgré le fait qu'elle ait des rapports avec son mari et son amant elle n'a jamais d'enfant, au début de son apparition dans l'aventure sa mère la reine d'Irlande est présente ce qui fait d'elle le pendant de Tristan lui aussi sous la dépendance de son oncle le Roi Marc. Ce qui fait d'elle une femme interdite est sont statut d'épouse d'un Roi Père de substitution.
Si la légende d'œdipe constitue le paroxysme du drame œdipien, celle de Tristan et Iseult par toutes ses divers aménagements dramatiques visant à éviter la perpétuation d'un inceste véritable , ses multiples péripéties ne dédaignant pas un humour qui à d'autres époques on fait la fortune du vaudeville en propose la version légère.
Le secret comme condition du désir
La suite du récit s'attache cependant à éviter qu'une catastrophe ne découle de cette acte et sans cesse les deux amants trouvent des tiers alliés dévoués pour les aider à se rencontrer sans encourir le risque d'être découvert ce qui semble constituer la seul véritable catastrophe et qui sera éviter jusqu'à la fin.
Il est frappant de constater que loin de s'y opposer ces tiers aident les deux amants à vivre leur idylle, la suivante d'Iseult, Brengain, remplace sa maitresse dans le lit du roi Marc le soir de la nuit de noce afin de cacher la défloraison de son épouse au Roi. Lorsque ils sont exilé dans la forêt les deux amants trouve de l'aide auprès d'un ermite Ogrin qui comprenant la force du charme qui les unis accepte de les aider, même le roi Marc au cour de la séquence décisive où il surprend les deux amants dormant de par et d'autre d'une épée accepte de ne pas voir la réalité par delà les apparences.
Si les barons du royaume qui parviennent régulièrement à attiser les soupçons du roi Marc sur la fidélité de sa femme constitue une menace permanente les interventions de dieu, du hasard et de tiers complice permet aux deux amants d'éviter d'être découvert.
Du début à la fin de l'histoire le désir qui réuni les deux amants dans un désir fusionnel est présenté comme une réalité avec laquelle il faut composé et qui ne découle de la faute de personne n'entrainant pas de sentiment de culpabilité, la seule solution étant de laisser passer le temps jusqu'à ce que le charme cesse d'opérer. Le désir amoureux est ainsi présenté comme un temps de crise qui est appeler à passer.
Le refuge dans le fantasme.
Face à la poussé d'un désir amoureux interdit le développement de fantasmes apparaît comme une solution celui prend d'abord la forme de jeu où les deux amants s'amuse à berner la surveillance du roi, s'incarne dans la forêt qui apparaît symboliquement comme un espace hors du temps et de la société des hommes. Le mode de vie des deux amants vivant de chasse s'assimile à une régression vers une vie sauvage où les aliments sont faiblement transformé, les soins de la toilette sont négligés, et où pour chasser le chien ne doit pas aboyer.
Le monde de la forêt apparaît comme un monde où nombres de lois sont inversées pour échapper à ses poursuivant Tristan saute d'une falaise (séquence « le saut de Tristan ») et au lieu de s'écraser sur les rochers il atterrit en douceur sa robe de pèlerin en se gonflant d'air ayant freiné sa chute. Saut dans le vide qui marque le passage d'un monde réel où le héros se trouve pourchassé à cause de son désir et un monde imaginaire où les contraintes, à commencer par la pesanteur, sont abolit et où les amants pourront s'abandonner à leur passion sans contrainte. Temps de vie hors de la société des hommes qui s'assimile à une initiation la vie sauvage dépourvu de confort constituant une épreuve. Loin d'être dramatisé l'épreuve du désir amoureux interdit s'assimile à un rite de passage limité dans le temps durant lequel les protagonistes découvrent leurs qualités.
Le message semble être qu'il est naturel sinon légitime d'éprouver le sentiment amoureux envers la femme « interdite » du père, que ce sentiment doit être vécu pour être dépassé que le fantasme constitue le chemin de ce dépassement.
le récit prend garde de faire en sorte que cette ''inceste'' ne corresponde pas à une union entre membres de même sang. Pour traumatisante qu'elle soit en terme de culpabilité la liaison entre Tristan et Iseult ne constitue pas un acte qui ne puisse être réparable. Une fois leur désir surmonté les deux amant pourront au prix de quelques épreuves retrouver leur place dans la société.
Il apparaît que le mythe de Tristan et Iseult propose un histoire moins tragique au cadre plus souple dans lequel les éléments dramatiques mettant en scène le désir n'ont pas la même porté tragique.
Tristan ne couche pas avec sa mère mais avec la femme du Roi.
Le Roi Marc n'est pas le père de Tristan mais simplement son oncle.
Le désir qui réuni Tristan et Iseult est présenté, grâce à l'élément magique du philtre d'amour, comme quelque chose d'irrésistible et de fait le désir largement déculpabilisé.
L'évolution de l'histoire montre que passé un temps de fièvre de 3 ans, le désir des amants s'apaise et qu'une réconciliation est possible de l'épouse légitime avec son roi de mari et du chevalier avec son suzerain.
Ne niant pas la mécanique du processus œdipien l'histoire de Tristan et Iseult suggère des stratégies d'adaptation faisant intervenir des substituts qui sont autant de manière de tromper l'objet du désir.
Le statut du secret.
Le mythe d'œdipe repose comme ressort tragique sur l'usage du secret. Quand devenu adulte Œdipe prend connaissance de la prédiction qui le frappe (assassinat de son père, inceste avec sa mère) il s'empresse de fuir Corinthe pour préserver le Roi et la Reine de la cité qu'il croit être ses véritables parents ce faisant il se précipite sur la route de Thèbes où il croise son véritable père Laïos.
A l'opposée le récit de Tristan et Iseult fait du secret une simple apparence qu'il est important de préserver. Si le Roi Marc surprenant Tristan et Iseult endormis dans la forêt peut croire à la chasteté des deux amants et si les barons du royaume sont au terme de l'ordalie de celle ci convaincu de son innocence, le lecteur sait quant à lui à quoi s'en tenir quand à la réalité des relations entre les deux amants. La morale dispendié par l'histoire de Tristan et Iseult semble être que le désir libidinal ne pouvant être nié peut se vivre à condition que les apparences sociales soit préservées. Le désir transgressif de l'enfant à l'égard de ses parents n'est pas nié dans une certaine mesure il est même considéré comme légitime mais si il doit rester dans le secret d'un for intérieur .
Le différence d'intervention de la puissance divine dans les deux histoires est à cette égard révélateur, alors que par le jeu d'oracles le panthéon grec ne cesse de persécuter les différents protagonistes de l'histoire d'œdipe ; le dieu qu'invoque Iseult, en jurant sur des reliques, entérine le tour de passe passe qu'elle effectue en déclarant qu'aucun autre homme a pénétré entre ses cuisses à l'exception du roi son époux et du mendiant qui l'a porter sur son dos pour traverser la rivière. Il est permis de penser que le dieu des chrétiens n'est pas dupe de pareil ruse mais procède ainsi à une légitimation du désir que l'enfant éprouve à condition que celui ci reste interdit et secret, état de fait qui dans un processus structurant doit se traduire par un moindre sentiment de culpabilité interne.
Cependant l'affirmation de la loi par l'intervention de la fonction paternelle apparaît dans le cadre du mythe de Tristan et Iseult singulièrement plus affaibli, alors qu'Œdipe apparaît comme un personnage en surcharge de père, Tristan apparaît plutôt comme une être en défaut de père..
Hypothèse.
On peut supposer que le choix spontanée de S. Freud de la légende d'Œdipe comme histoire support pour illustrer le mécanisme des relations enfants parents correspond à l'état d'esprit d'un milieu et d'une époque où les références à l'antiquité et l'apprentissage du grec et du latin tiennent une grande place dans les études et où le sentiment de culpabilité vis à vis des passions éprouvés est fortement intériorisé par les mœurs de la société bourgeoise et la pratique religieuse. Cependant, il convient de s'interroger sur l'effet structurant d'un tel choix au départ conjoncturelle et illustratif que le succès de la psychanalyse restaure comme mythe.
L'épisode de l'épée séparant les 2 amants endormis constitue un des moments les plus important de l'histoire de Tristan et Iseult.
L'épisode où le Roi Marc (époux légitime d'Iseult) découvre Tristan et Iseult endormi dans la forêt avec l'épée de Tristan les séparant se situe à la fin de l'histoire lorsque après bien des vicissitudes le charme du philtre d'amour qui les réunie a cesser d'agir. Ce qui permet aux deux amants de maitriser leurs désir l'un envers l'autre.
La scène que le Roi Marc surprend est interprété par lui comme une preuve de chasteté de son chevalier et de sa femme. Mais dans la réalité du conte Tristan et Iseult n'ont cesser d'avoir des relation avant cette scène de la forêt. Plus qu'une preuve de chasteté l'épée de Tristan semble opéré comme un aveu. L'épée n'étant pas une barrière mais un phallus. Le fait que l'épée de Tristan soit ébréchée révèle également que ce phallus a servi.
La réponse, en acte, du Roi Marc est également révélatrice d'un double sens d'interprétation. Il ne réveil pas les amants endormis mais remplace l'épée ébréchée de Tristan par la sienne qui est neuve et intacte. Consciemment un tel acte s'interprète comme un pardon, mais on peut le lire comme une réaffirmation de la loi du père qui prive le fils de son phallus pour le remplacer par le sien, phallus qui alors constitue une véritable barrière. En déposant sa propre épée entre les deux amants, le roi Marc rompt le lien incestueux entre Tristan et Iseult.
Enfin il est a remarquer que lorsque après que l'innocence d'Iseult soit proclamée à l'issue d'une ordalie, Tristan fait ses adieux au Roi Marc. La rupture du lien incestueux lui permet de grandir en partant à la découverte du monde (sens que l'on peut donner à l'exil volontaire qu'il s'inflige) et demande au roi de lui rendre sa vieille épée en échange de la sienne. En acceptant ce nouvel échange le Roi père libère son fils de la castration infligé. Étant sur que la castration primaire est effective (interdiction de la mère) il lui permet, lui donne la liberté de s'ouvrir au monde et de connaître les autres femmes (restitution de son phallus épée). »
« Il est à remarquer que la résolution du conflit problème de la relation entre Tristan et Iseult ne conduit pas à l'effacement du passé mais à la restauration d'une fiction acceptable par tous. Dans la forêt le Roi Marc accepte dans sa conscience d'être la dupe de la scène qu'il voit, il accepte de voir dans l'image de l'épée séparant Tristan et Iseult une image de la chasteté des deux amants alors que son action de remplacement des épées révèle qu'inconsciemment il a compris l'enjeu de la scène.
La scène d'ordalie où Iseult établie son innocence par rapport à son accusation d'adultère découle d'une ruse qui ressemble à la métis fréquemment utilisé par la mythologie grecque. Elle jure sur des reliques qu'aucun homme n'a pénétrer entre ses cuisses à l'exception du Roi Marc et du mendiant qui l'a porté sur son dos pour traversé la rivière (ce dernier n'étant autre que Tristan déguisé). Cette ruse ne conduit pas à transformer les faits commis mais composer un récit acceptable de la réalité. »
J'ajoute à présent que la résolution œdipienne proposé par Tristan et Iseult est infiniment moins cruel que celle d'Œdipe qui se trouve contraint à se crever les yeux.
Un récit initiatique.
Avec la description d'un acte symptomatique par S. Freud donne un exemple d'intégration de résolution symbolique découlant de la fréquentation de récits d'initiations.
[Un médecin ne comprend pas pourquoi il éprouve le besoin de poser un vieux stétoscope en bois sur son bureau]. La fin de l'analyse de l'acte se conclut ainsi :
« L'analysé retrouve ensuite le souvenir d'un rêve de nature nettement homosexuelle et masochiste, dans lequel un homme, qui n'est qu'un avatar du médecin, menaçait le rêveur d'un glaive. Cela lui rappela une histoire qu'il avait lue dans le chant des Niebelungen et où il est question d'une épée que Sigurd aurait placée entre lui et Bunhilde endormie. La même histoire figure dans la légende d'Arthur que notre homme connait également.
« Le sens de l'acte symptomatique devient ainsi compréhensible. Le médecin avait placé son stétoscope entre lui et ses patientes, tout comme Sigurd avait placé son épée entre lui et la femme à laquelle il ne devait pas toucher. »
Le présent travail ne relève pas de l'étude historique d'une œuvre mais cherche à dégager au sein de celle ci les éléments dramatiques faisant de cette histoire un récit d'initiation pertinent au public de notre époque. Un tel récit se caractérise par le fait qu'il propose à son public des situations et des personnages dans lesquels il peut se projeter et qu'il lui fournit un code de conduite pour y s'y adapter. Le récit d'initiation, en suggérant à son auditeur l'existence de solutions, apparaît comme normatif.
Même si parfois des considérations historiques sont intégré à la réflexion, je me propose d'examiner dans quelle mesure la saga de Tristan et Iseult, telle que les textes la rapportent, peut constituer une histoire support alternative valable à celle d'œdipe Roi pour figurer le mécanisme des rapports enfants parents.