Mes viscères

"Beaucoup parler de soi passe pour bête. L'humanité a trouvé une manière originale de contourner cet interdit : l'écrivain." - R. Musil. Cependant, dans la ligne de Philippe Jaccottet, je prends peu de plaisir à l'étalage autobiographique, même lorsqu'un grand écrivain comme Michel Leiris se prête au jeu. Il faut bien reconnaître néanmoins un intérêt anthropologique dans certaines réflexions de l'auteur : "optique renversé de l’ethnographe qui est frappé avant tout par ce qu'il voit, c'est-à-dire parce qu'il y a de plus extérieur." Une remarque qui mérite d'être confrontée - étant opposée - aux usages de Wittgenstein dans l'anthropologie contemporaine, notamment par Maia Ponsonnet.

Si la conférence n'emballe pas, j'ai tout de même souligné quelques idées, assez pour en proposer un petit florilège :

"Dans le mot 'honnête', il y a quelque chose qui me gêne ; cela provient je crois de l'accent circonflexe, qu'on retrouve dans benêt." Intelligence et humour vont de pair.

"la part de mort librement affrontée sans laquelle la vie n'a pas de sens." Le texte est hanté par le doute de l'auteur sur ses capacités à défendre ses convictions sous la torture.

"La question est de savoir si cette idée, qui - sous peine de n'être que billevesée - ne peut que tendre à se poser en élément d'orthodoxie, ne devient pas chose morte, à rejeter, à partir du moment où elle est reconnue et imposée."

"Position du témoin : celui qui se tient - craintif ou respectueux - tout au bord, mais à l'extérieur du sacré."