melting-pot des pires arguments sindonologiques

Vous connaissez la sindonologie ? Si on en croit Google, c'est simplement le nom qu'on a donné au fait d'étudier le suaire. Enfin, pour être plus exacte, c'est le nom qu'une partie des partisans de l'authenticité ont donné à leurs études pseudoscientifiques du suaire. Incapable de se contenter de l'archéologie traditionnelle pour analyser le suaire de Turin. Ils ont inventé une science parallèle aux règles et aux méthodes inédites. Prenez n'importe quel scientifique, -peu importe son domaine d'expertise- vous ne verrez jamais le moindre scientifique favorable à l'idée que le suaire date du Moyen Âge être qualifié de "sindonologue". Tous les sindonologues pensent que le suaire a 2000 ans. Pas d'exception à cette loi.

Le constat est donc que la sindonologie est la science de ceux qui croient à l'authenticité du suaire. Quand on étudie la Joconde, personne n'appelle ça la "Jocondologie". Cette définition ridicule ne fait que trahir la scission entre la vraie science, et la sindonologie qui sont deux choses bien distinctes. L'enquête définitive de Jean-Christian Petitfils en est un résumé assez criant, un résumé de tous ces arguments sindonologiques. En revanche, ce qui est admirablement mauvais avec ce livre, c'est qu'il ne fait aucune discrimination entre les arguments sindonologiques, -tous aussi mauvais qu'ils soient-, sont toujours traités équitablement comme des preuves cumulatives de la véracité du suaire d'il y a deux mille ans. A l'exception de l'hypothèse sur le Mandilyon d'Ian Wilson, la plupart sont des arguments tellements mauvais, que même la plupart des sinologues les rejettent. Ces mêmes sindonologues qui sont pourtant la risée de la communauté scientifique, mais qui ont au moins la décence de rejeter l'argument des pièces de ponce pliate dans les yeux du supllicié du suaire. Argument qui repose sur l'idée qu'en regardant attentivement les yeux du Jésus dépeint dans le suaire, on apercevrait des pièces de monnaie datant du premier siècle, comme s'il s'agissait d'une preuve que le suaire avait 2000 ans.

Il y a aussi l'argument des écritures fantomatiques sur la toile du suaire, des hypothèses délirantes, oui délirantes, pour la seule et bonne raison qu'il y a un petit souci : on peut voir le suaire, il existe des photos de plus ou moins bonnes qualités trouvables sur le net, on peut donc vérifier ces prétentions lunaires et se rendre compte que c'est strictement n'importe quoi en se contentant de regarder simplement le suaire. Il n'y a pas d'inscription fantomatique sur la toile, il n'y a pas de pièce du premier siècle dans les yeux du supplicié du suaire. Ce sont de pures inventions. Et ça, pour le vérifier, il suffit, encore une fois, de regarder le suaire pour s'en rendre compte.

Pourtant, dans ce fameux livre, ces éléments très facilement débunkables (et dont personne n'accorde le moindre crédit, même au sein des groupuscules partisans), ces éléments sont précisément présentés comme des faits extraordinaires attestant de la véracité de l'artefact par ce livre.

Il s'agit en réalité de la pointe de l'iceberg, tout le livre relance des vieilles rengaines plus ou moins du même acabit. En somme, ce livre est une masterclass en pseudoscience : on a le droit à un florilège de mensonges sindonologiques. Le mensonge le plus courant, qu'on croise un nombre incalculable de fois, c'est ce que le chercheur Nicolas Sarzeaud (un historien compétant, qui connait son sujet, contrairement à notre ami petitfils qui ne fait que régurgiter des discours religieux) qualifie de "logiciel de la méthode inventé". En fait, c'est simplement le fait d'inventer une méthode de datation inédite pour dater le suaire de Turin, cette méthode n'a généralement jamais été testée sur d'autre objet, et bien sûr la méthode a été inventée dans le seul but de redater le suaire et prouver que l'objet a deux mille ans. Je peux vous donner quelques exemples concrets de ce comportement, (à noter que tous ces exemples sont bien entendus mis en avant dans le livre de petitfils). Les pollens, les études de Max Frei, un criminologue viré de son taff à cause son incompétence, à priori une source fiable. Le mec a inventé de toute pièce une méthode de datation via les pollens, pour pouvoir dire que le suaire avait deux mille ans parce qu'il aurait trouvé des pollens de la Palestine du premier siècle sur le suaire. Vérification par des pairs, vous dites ? La même méthode testée sur d'autres objets anciens, vous dites ? Je crois que vous avez oublié que dans le monde fantastique de la SiNDoNOLoGIe on ne s'encombre par de cet apparat pompeux.

On pourrait aussi parler des lasers Raman de Giulio fanti (2013). Giulio fanti un "scientifique" qui explique dans ses livres qu'il a des conversations avec la vierge pour savoir s'il doit poursuivre ses études sur le suaire. Assurément une source de qualité. Pareil, il a inventé de toute pièce une méthode de datation uniquement pour dater le suaire, méthode qui n'a jamais fait l'objet de publication ni tester par d'autres scientifiques.

Conclusion : Bref, on pourrait continuer toute la journée comme ça, mais cette critique ne se veut pas exhaustive, parce que j'ai mieux à faire de mon temps (et du vôtre). Mais pour conclure, je voulais dire quelque chose que j'estime très important : ce livre de Jean-Christian Petitfils est une purge, un torchon. Il n'a aucun fondement scientifique/académique/historique. C'est un zéro pointé. Au mieux un réchauffé d'arguments sindonologiques qui tournent en boucle depuis des dizaines d'années.

Si vous voulez de la vraie documentation sur cet objet, (qui, je dois l'admettre, est ô combien mystérieux). Lisez le livre de Nicolas sarzeaud "Les Suaires du Christ en Occident". Lisez le livre d'Andrea Nicolotti "The Shroud of Turin: The History and Legends of the World's Most Famous Relic".