À la base, j'avais prévu de ne pas regarder cette série. Mais les éloges pleuvaient dans mon feed : tout le monde était en ébullition, c'était la révélation des pyramides, ils ont vu la vierge. Alors plot twist, je le dis d'amblé : oui, la série est clairement surcotée, mais elle n'est pas pour autant « mauvaise ».
Déjà, il faut admettre que la série est esthétiquement réussie, le cast' est très bon, l'ambiance burlesque/horrifique/trash qui faisait l'essence des jeux est retransmise avec brio. On a parfois l'impression d'être dans les jeux quand nos protagonistes croisent des survivants du désert.
Le défaut majeur, c'est le scenario. La série raconte en 8 épisodes ce qui aurait pu tenir dans facilement 4-5 épisodes max. Vers l'épisode 6-7 on a une perte de vitesse assez flagrante, il ne se passe plus grand-chose, les scènes sont de plus en plus entrecoupées avec des flashbacks de notre ghoul chasseur de prime. Ces flashbacks tirent en longueur dans les limites de l'indécence. Tout ça pour nous délivrer un plot twist relativement con. Désolé, j'ai pas d'autre mot que "con" :
Mais si vous déclenchez l'apocalypse sur les states pour vendre vos abris, vous allez faire quoi avec la thune ?? L'argent ne vaudra plus rien, de toute façon. C'est complétement con.
En fait, on voit bien que les scénaristes n'en ont rien à cirer de la cohérence, dès le début notre ghoul cowboy galère à dézinguer un débutant en armure assistée, mais à la fin de la série, soudainement, le mec se souvient que cette même armure avait un point faible et il arrive à rivaliser avec une escouade entière. Pourquoi pas hein.
La série appuie aussi très lourdement sur le fait qu'il y a un mystère dans les abris. On nous fait comprendre par tous les subterfuges habituels que l'abri 31 recèle un très lourd secret, à grand coup de musique stridente on nous balade par le bout du nez pendant toute la série, ambiance à la "get out" de Jordan Peele. Sauf que Get Out fait 1h30 pas 8x1h.
Fatalement, on arrive à la fin et on a du mal à ressentir les émotions qu'on voit à l'écran. Non je n'étais pas ému de voir le père de Lucy, ni d'apprendre ce qu'il a fait, on s'en tape, le mec on le voit à peine 15 min au début de la série, c'est tout. Non, je ne me suis pas senti trahi par la révélation de la femme du chasseur de prime, barb, parce que la révélation était au mieux grotesque. La mère de Lucy ? On la voit 30 secondes à tout casser. Comment pourrai-je en avoir quelque chose à cirer de son sort ?
Les seuls personnages qui bénéficient d'une écriture intéressante, c'est Maximus et Lucy. Maximus, on passe toute la série à se demander si c'est un psychopathe avec le syndrome du sauveur, une personne prête à tout pour arriver à ses fins. Ou si c'est juste un bon gars un peu paumé. Lucy est d'un féminisme assumé, sans pour autant verser dans la surenchère grossière. Elle désacralise la sexualité avec sa spontanéité désarçonnante et elle retransmet bien le contraste entre le monde sous-terrain et les terres désolées de la surface via sa mentalité formatée qui est en décalage complet avec la dure réalité du vrai monde.
En conclusion, je trouve que la série est malgré tout réussie visuellement, rien que pour son lore ça vaut le détour. Si, comme moi, vous avez aimé les jeux, vous allez vous régaler en redécouvrant tous ces petits détails qui faisaient le charme des jeux, cet univers post-apocalyptique sordide, ses créatures mutantes, ses armes loufoques. Mais si on élude l'aspect purement "hommage" aux jeux de Bethesda, on se retrouve avec une série qui souffre d'une écriture paresseuse et maladroite. Dommage que les scénaristes n'aient pas appliqué le crédo qu'à très justement formulé la ghoul : "si tu veux faire un méchant crédible, assure-toi qu'il croit au bien fondé de ses actes".