En tant que franchouillard un peu trop chauvin, je me faisais un devoir de lire ces Mémoires de Guerre du Général.
J’ai lu les deux premiers tomes il y a bien sept ans maintenant, et je n’ai jamais eu le courage de lire le troisième jusqu’à récemment. Je me devais de compléter l’ouvrage, même si j’ai quasi tout oublié des deux premiers.
Il a fallu diminuer mon rythme de lecture, celui que je m’étais imposé auparavant est ce qui m’avait traumatisé avec les deux premiers volumes. Trop à lire, trop de détails, trop de notions inconnues. J’aime l’Histoire mais mon niveau n’était clairement pas assez élevé pour pouvoir saisir toute la pertinence de l’avalanche d’informations distribuées par De Gaulle. L’entame de ce troisième tome me laissait perplexe, je savais que j’avais mûri mais je savais aussi que je n’avais pas beaucoup intensifié mon étude de la Seconde Guerre mondiale. Donc, allais-je apprécier ou encore m’ennuyer ?
Il est question ici du lendemain, de l’organisation et la structuration de la France après la libération du territoire. De Gaulle n’est pas avare de détails, jamais. Mais son point de vue et surtout son style narratif interne nous immerge bien davantage dans cette époque que si l’on lisait un manuel d’Histoire. Le Général cherche ses ministres, discute ferme avec les communistes, décrit la non-invitation de la France à la Conférence de Yalta, s’envole pour rencontrer Staline et Molotov en URSS (meilleur passage du livre !), se livre à un pugilat oral soutenu avec Churchill et s’applique surtout à ne pas mentir au Français : certes, le pays est libéré, mais le plus dur reste à venir : il va falloir reconstruire !
La description des conditions déplorables dans laquelle se trouvait le pays est très marquante, l’état de ruine est clairement mis en avant, et l’effort gargantuesque demandé aux habitants, tant sur le plan financier que social.
La France est au cœur de toutes les idées et les actions de De Gaulle, il fait de sa résurrection une priorité et ne rêve que de la voir briller à nouveau. Il faut certes se farcir tous les détails et tenir bon lors du récit exhaustif des rapports de batailles, des conseils de ministres ou autres descriptions de villes mais, je pense qu’un passionné d’Histoire (surtout cette période, évidemment), se régalera.
Mention spéciale pour les toutes dernières pages où De Gaulle se livre à une allégorie émouvante de la vie, qu’il compare aux vicissitudes des saisons, quelques lignes qui pourraient ravir ceux qui préfèrent la littérature à l’Histoire.
Utile pour un franchouillard ? Oui, à condition d’avoir corné les pages pour se rafraîchir la mémoire et savoir de quoi l’on parle, évidemment.