Anne Lise Stern rescapée des camps d'extermination nazi et psychanalyste s'emploie par fragments, par retour en arrière par détournement et multiples questionnements à tenter de comprendre la logique délirante d'un cataclysme. Les mots manquent pour exprimer la perte...
On peut romancer la guerre, l'espionnage mais la shoah malgré les plus honnêtes intentions se situe clairement dans l’indicible.
Essayons juste un peu un fragment d'inventaire.
Brigitte Friang ancienne déportée éclate de rire en regardant le "nuit et brouillard " d' Alain Resnais le scandale est tellement énorme qu'elle est expulsée du cinéma avec ses amies également déportées.
Charlotte Delbo égraine les petits faits du quotidien concentrationnaire
Germaine Tillon écrit une pièce comique.
Mais on parle des camps d'un espace lieu où une certaine logique demeure encore (malgré le "Il n'y a pas de Warum" signalé par Primo Levi) Dans le dernier cercle de l'enfer de l'extermination plus rien n'est compréhensible accessible la logique humaine, au point que comme l'indique Anne Lise Stern les psychanalystes eux même s'en détournent à l’exception de Jacques Lacan qui aura le courage de s'y confronter pour en constater son échec.
Echec qu'à sa manière constate également William Styron dans son choix de Sophie quand le narrateur Stingo se souvient que le jour où son amie Sophie entrait à Auschwicz, il s'empiffrait de bananes.