Il importe non seulement de faire attention aux idées reçues mais aussi d'analyser un objet culturel quelconque avec une certaine appréhension et objectivité. De ce point départ, regarder toute la richesse et l'étendue du seigneur des anneaux c'est voir dans ce formidable roman un récit glorifiant versant essentiellement dans le bucolique, et l'épopée généreuse du troisième âge. Bien loin d'être la meilleure production de Tolkien, le seigneur des anneaux se caractérise néanmoins par une aventure pleine de rebondissements, d'événements inopinés faits de trahison de retournements de situation ou d'alliance incongrue. Le manichéisme assumé des trois épisodes (la communauté de l'anneaux, les deux tours, le retour du roi) qui composent cette compilation excessivement dense dans sa phraséologie, se combine agréablement avec une histoire positiviste et optimiste du livre. Mais l'histoire, en se focalisant exagérément sur le voyage des hobbits, révèle très peu d'éléments sur l'univers général de Tolkien et en particulier sur les événements antérieurs au troisième âge. Il importe de ce fait de conseiller aux lecteurs curieux qui veulent découvrir plus amplement cet univers "tolkienniste" de se reporter aux romans inachevés par le même auteur et beaucoup plus intéressants que cette compilation divertissante mais bien loin d'être exhaustive ou de constituer une référence absolue.