Durant cette lecture, je me suis souvenu des raisons qui m’avaient conduit à abandonner le cycle il y a une quinzaine d’années, avant de lui donner une seconde chance en la reprenant à zéro.
Si l’auteur avait réussi à flirter avec l’ennui dans le tome précédent, sans trop de dommages, le constat est différent dans Le Seigneur du Chaos. L’ensemble des arcs scénaristiques prennent ici un coup de chevrotine et peinent à s’émanciper de leur inertie.
Le lecteur a beau aimer ces personnages, les suivre des chapitres entiers se poser les mêmes sempiternelles questions, éviter les mêmes personnages et répéter inlassablement les mêmes erreurs devient usant. Il faut sans cesse chercher la motivation pour entamer un nouveau chapitre ; plutôt un mauvais signe, convenons-en.
La promesse de voir apparaître le fameux Seigneur du Chaos du titre n’est d’ailleurs pas spécialement honorée, puisqu’il ne sera croisé que durant quelques pages d’un prologue fleuve.
Quelques personnages appréciés font enfin leur retour, tels que Perrin et Faile. Malheureusement, ce ne sera que le temps de quelques chapitres. Et les concernant, l’auteur se perd dans une dramaturgie, sur fond de jalousie, franchement dispensable.
Jordan semble avoir perdu le sens des priorités dans ce tome, avec des intrigues qui ne manquent jamais l’occasion de s’enliser.
Mais tout n’est pas à jeter, à commencer par de considérables rebondissements dans la seconde moitié et une frénésie en fin de roman qui promettent une dynamisation de l’intrigue générale pour les prochains tomes (le changement de statut d’Egwene, les avancées de Nynaeve, la mise en danger de Rand…).
L’impression de surplace restera celle qui aura prédominé durant toute cette lecture d’un roman qui aurait pu peser moitié moins lourd sans que ça ne lui soit préjudiciable. En bref, bien mais pas top.