J'avais le souvenir de critiques un peu déçues de ce second roman de Jean-Baptiste Del Amo, faisant suite à Une éducation libertine, succès d'une rentrée littéraire alors pimentée de ce roman sans gêne.
Loin d'être fade, Le Sel est une plongée au coeur de l'ordinaire, de la famille et des non-dits. De cette famille rigide, sévère, habituée à subir en silence, sans poser de question, s'esquisse un tableau qui n'a rien de rutilant, et ou le vernis dévoile, lorsqu'on le gratte un peu, ces drames de l'intime que l'auteur expose avec justesse et sensibilité.
C'est bien des larmes chargées de ce léger goût salé qui se retrouvaient aux commissures de mes lèvres, lorsque je dévorais les premiers chapitres. Peut-être par sensiblerie, peut-être par identification.
Evidemment tout n'est pas égal dans ce roman, et si les débuts sont prometteurs, la fin se veut un peu ennuyeuse, avec un récit anarchique, difficile à suivre. Pour autant le livre est tendre et cruel à la fois, sombre par destination, bienveillant par compréhension. Une lecture à fleur de peau, une grande introspection, un roman mature, et un auteur dont j'espère tirer une autre fois encore autant de plaisir. Même pour quelques larmes.