Nous découvrons le personnage d’Adem Naït-Gacem en Algérie dans les années 60 juste à la naissance de l’indépendance. Il est instituteur et brisé car sa femme vient de le quitter alors lui aussi va tout quitter son métier, son quartier, ses amis pour prendre le large et advienne que pourra. Il croisera au fil des kilomètres, des figures improbables comme Mika, le nain qui n’en peut plus de sa solitude et d’autres damnés de la terre dont la destinée semble maudite. Pourtant ses rencontres lui sont salutaires car on ne le laisse jamais l’estomac vide ou bien même dormir sans toit. Dans sa besace il emporte un livre et un carnet qui l’accompagnent et le soutiennent. Il semble y avoir des éclaircies dans son chagrin mais à chaque fois, il les repousse pour mieux s’isoler dans son désespoir. Il faut bien dire qu’Adem m’a tapé sur les nerfs à vouloir ne broyer que du noir, à être à ce point asocial en plus il a une opinion des femmes complètement rétrograde. Bref ce n’est pas un personnage sympathique et souvent une petite voix me soufflait qu’après tout on récolte ce que l’on sème. On sent venir le moment où toutes ses désillusions vont devoir laisser la place à autre chose. On peut toujours trouver plus malheureux que soi, la reconstruction, la résilience ne sont pas données à tout le monde. Une nouvelle rencontre sonnera peut-être le glas de cette quête de vérité. N’oublions pas le Don Quichotte de la couverture qui lui s’est battu contre des moulins à vent. Un récit quasi initiatique qui nous emporte sur un chemin ardu mais en même temps nous envoie tout un tas de messages contradictoires et positifs. Une société où l’on sent les espoirs d’une vie nouvelle, l’indépendance tirant un trait sur toutes les tyrannies mais bon le rêve ne fera pas long feu. Un récit toujours aussi bien écrit avec une plume qui fait voyager et des mots souvent poétiques. Bonne lecture.
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