Le Serpent des blés est un très court roman publié chez Zulma à la génétique particulière puisque, si l'on doit en croire l'appareil critique, il a été rédigé en anglais, jamais édité puis traduit dans la foulée pour le compte de cette maison et formant donc un roman anglophone (américain ?) n'existant qu'en français - et dans une édition italienne postérieure.
J'ai soupçonné un moment Lucien d'Azay, le traducteur, d'en être le véritable auteur mais ce n'est guère cohérent, admettons.
On a affaire à un très court récit, qui se déroule un temps indéterminé dans un endroit mal situé de l'Amérique rurale, peut-être dans la Bible Belt.
Dans un décor luxuriant et humide, Macey et sa mère, une jeune veuve, vivent dans un relatif isolement qui sera troublé par l'aura magnétique de Mitchell Flach, un spécialiste des serpents qui va imposer dans la maison, en même temps que la présence d'un serpent des blés orangé donnant son nom à l'œuvre, une atmosphère trouble et menaçante d'abus sur la mère et la fille.
Ce n'est pas foncièrement mauvais mais passé ce résumé de l'intrigue, il n'y a rien d'autre que des descriptions attractives de la nature, un peu inquiétantes mais sans que le symbolisme qui tourne à vide du roman ne débouche jamais sur quoi que ce soit.
C'est une idée allusive sans concrétisation, sans transformation, ce qui est dommage puisque l'ambiance globale du texte laisse présager d'une approche "paradis empoisonné" assez intéressante et jamais exploitée. Malgré sa brièveté, le roman se paie même le luxe de déraper à un ou deux passages et de frôler franchement le statut de littérature à mémère dans lequel l'impossibilité d'arriver à la satisfaction féminine devient un pôle structurant de l'intrigue.
Son caractère timoré quant au fait de s'engager dans une piste interprétative l'éloigne heureusement, presque à ses dépends, de ce travers possible.
Pas déplaisant mais bien vain et bien inabouti.
On a davantage affaire à un texte lacunaire qu'allusif, à un texte dépouillé que minimaliste.