Sans doute le plus abouti des romans d'Alejo Carpentier tant la maîtrise en est parfaite et la maturité d'écriture indéniable.
Dans ce livre, l'Histoire, passion de l'auteur, est au service d'une fiction aussi théâtrale que baroque. Alejo Carpentier choisit pour son roman un temps historique précis : celui des débuts de l'émancipation latino-américaine et de l'influence de la toute jeune Révolution française, dans un lieu propice aux brassages des populations et des idées : les Caraïbes.
Les protagonistes fictifs côtoient des personnages réels, cernés par les paradoxes de l'idéal révolutionnaire : violence, barbarie, intolérance, idéalisme, cynisme, pragmatisme.
Cette fresque historique quasi épique n'a pas uniquement valeur de construction romanesque ou de réflexion méditative sur l'émancipation des peuples latino-américains. Alejo Carpentier y voit une spirale infernale répétée à l'infini dans laquelle les révolutions entraîneront toujours l'humanité, à l'image de la conclusion chaotique de son roman.
Parler de révolution, imaginer des révolutions, se situer mentalement au sein d'une révolution, c'est se rendre un peu maître du monde. Ceux qui parlent d'une révolution se voient poussés à la faire.