Première courte nouvelle d'un petit livre de Jack London qui contient deux autres nouvelles qui feront l'objet de deux autres critiques.
En fait cette nouvelle (ainsi que les deux autres) fait partie d'un recueil plus vaste "The son of the wolf" publié en 1900. Il s'agit de ses premiers écrits publiés à 24 ans deux ans après son arrivée au Klondike. En termes de réédition, on trouve aussi ces trois nouvelles dans le gros volume dans la collection "Bouquins".
Je commence par cette nouvelle car elle détermine les deux autres même si elle est très courte. Le sujet de cette nouvelle est récurrent chez London lorsqu'il évoque le Yukon, l'hiver glacial et la neige. Mais là, London m'impressionne car il exprime un point très particulier dont il est assez facile de se rendre compte si tant est qu'on soit confronté à un paysage enneigé. Tout le monde a déjà constaté que le matin qui suit une chute de neige est étrangement silencieux. Un bruit extérieur même lointain et même faible se répercute accentuant cette impression de silence. C'est impressionnant mais, pour ce qui me concerne, il suffit de retourner chez moi où une agréable chaleur m'attend y compris mon confortable fauteuil et une tasse de café ou de thé bouillant … Mais lorsque London rajoute qu'il (et ses compagnons) se trouve au milieu de nulle part avec un froid mortel, on ressent physiquement le vertige de celui qui est confronté à ces conditions extrêmes et qui n'a pas droit à l'erreur car il ne peut compter que sur lui-même.
"Les traineaux firent une halte et les chiens se couchèrent dans la neige sans un murmure. Le calme était étrange ; pas un souffle ne bruissait dans la forêt durcie par le gel ; le froid et le silence de l'immensité avaient glacé le cœur de la nature et figé ses lèvres tremblantes."
Malemute Kid, un natif du Yukon, qu'on retrouvera dans d'autres nouvelles (en particulier, la troisième du recueil), est un homme avisé et respectueux des hommes et des bêtes, des chiens qu'il ne maltraite pas et déplore les coups de fouets trop nombreux que son compagnon, Mason, homme du Tennessee, marié à Ruth, une indienne, exerce sur les chiens épuisés.
"Le silence blanc" parle ainsi de l'équilibre fragile des relations entre humains et animaux qu'un rien peut faire basculer mettant en péril l'expédition. Comme chez les hommes, la moindre faiblesse d'un chien au sein de l'équipage peut gravement déstabiliser l'équilibre précaire de la soumission des chiens au meneur de la meute. Alors quand la faiblesse d'un des chiens est due à l'homme, le chien a peu de chance de s'en relever. Ce point est souvent abordé dans d'autres romans comme Croc-Blanc ou l'appel de la forêt.