Nombre de jeunes de ma génération, et pas que, ont été marqués par les adaptations cinéma de Tolkien par Peter Jackson au début de ce siècle (j'avais 9 ans lorsque j'ai découvert le premier au cinéma) puis ont commencé à étudier l'oeuvre du britannique qui créa un gigantesque et précis univers.
Ce n'est que maintenant que je m'y mets vraiment et lorsqu'on passe de Bilbo et du Seigneur des Anneaux au Silmarillion, on peut facilement être décontenancé tant le style peut parfois être différent, pouvant même devenir rebutant. Pourtant il n'en a rien été une fois passé les premières pages et que l'auteur nous a imprégnés de son style, on est plongé dans cet univers aussi passionnant que particulier, et Le Silmarillion peut se lire comme une encyclopédie en relatant la création, les premiers êtres, les premières guerres ou encore certains personnages que l'on retrouvera dans Le Seigneur des Anneaux.
L'oeuvre est divisée en cinq parties distinctes, on découvre d'abord la création harmonique de ce monde, les premières failles avec Melkor, le plus puissant des Ainur, puis, entre autre, la création de certaines races, comme les Elfes et les Hommes, les relations entre les Dieux, puis ceux-ci avec les êtres qu'ils ont créés ou encore l'influence de Melkor puis de Sauron. Tout cela est tout simplement passionnant, on est immergé dans l'univers et Tolkien parvient, malgré quelques passages plus compliqués, à toucher et stimuler notre imagination, les mots devenant peu à peu des images précises.
Si l'écriture du britannique est parfois confuse, mélangeant par moment maladroitement le style documentaire avec une narration d'aventure, et contenant énormément d'informations, parfois même trop, elle n'en reste pas moins assez claire pour que la formation de cet univers soit cohérente. On peut aussi y déceler une certaine poésie, une force se détachant du récit et créant une ambiance puissante et unique, où l'on se retrouve au milieu d'une gigantesque création.
Il faut en effet accepter l'idée d'un voyage qui ne sera pas toujours facile mais enrichissant, donnant envie de vite y revenir pour mieux dompter des détails semblant flous ou qui nous auraient échappé. Si ça prend parfois du temps, le chemin en vaut la peine, surtout qu'on retrouve plusieurs aspects des livres plus connus de Tolkien, à l'image de la partie évoquant le troisième âge et les anneaux de pouvoirs ou encore du souffle épique qui parcourt les lignes du Silmarillion.
L'oeuvre a été dans la tête de Tolkien durant de très nombreuses années, débutant dans les années 1910, il a travaillé dessus jusqu'à sa mort en 1973. C'est son fils Christopher qui, comme pour d'autres œuvres inachevées du britannique, se concentra à la traduction, interprétation et mise en page de ses nombreux brouillons. Néanmoins, cette oeuvre est surtout conseillée à ceux qui sont déjà des passionnés de l'univers de Tolkien et qui cherchent une vraie mythologie autour de tout cela.
Avec Le Silmarillion, Tolkien propose une oeuvre parfois déstabilisante mais d'une rare puissance où il est question de la création d'une vraie mythologie et d'un univers aussi passionnant que gigantesque, où l'on découvre l'origine et les prémices du Seigneur des Anneaux.