Avec Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit, JRR Tolkien est un écrivain et linguiste anglais connu dans le monde entier, fondateur d'un genre et créateur d'une mythologie immense. C'est en lisant Le Silmarillion, récit posthume, que l'on se rend mieux compte de tout le travail qu'il a fallu pour élaborer un univers fictif aussi conséquent.
En effet, si Tolkien pourrait se targuer d'avoir créé un monde immense, constitué d'une pléthore d'histoire, de lieux et de personnages, c'est parce que Le Silmarillion pourrait s'apparenter à une Bible, tellement riche qu'il y a passé une bonne partie de sa vie. Ce livre ne ressemble guère à ses autres romans : de fait, il s'agit d'une véritable encyclopédie qui s'étend sur des millénaires d'histoire. Ainsi, on nous relate la vie de centaines de personnages et de centaines de lieux.
Là où la surcharge a été évité, c'est grâce à la forme. Avec son écriture poétique et envoûtante, Le Silmarillion se lit aisément. Ce fut un plaisir pour moi que de découvrir une mythologie de page en page, le récit de batailles légendaires et de trahisons mais aussi d'alliances, d'amour et d'amitié. Les périples de tous les peuples s'enchevêtrent pour ne former qu'une longue histoire, condensée mais efficace. À mesure que les pages défilent, les races se révèlent, les piliers de l'histoire s'imbriquent avec une parfaite cohérence.
Résultat d'un travail colossal, Le Silmarillion est peut-être l'oeuvre la plus aboutie de Tolkien. Rien n'est oublié : les peuples se succèdent, les familles participent aux conflits, les lieux construisent leur histoire. Bien sûr, tout cela est "narré" et la dimension tragique est parfois amenuisée par la poésie qui s'exhale de cet ensemble, mais là est la principale qualité de l'oeuvre : plus qu'un simple enchevêtrement d'histoires liées, il s'agit d'un roman mêlant l'épique à l'intimiste.