Le soleil se lève aussi est le récit de jeunes américains désoeuvrés, parcourant l'Europe de l'entre deux-guerres en quête d'un sens dans leur existence. Jake Barnes, le protagoniste, écrit des articles de temps à autre pour un journal américain, mais passe la plupart de son temps dans les cafés parisiens entourés d'amis tout aussi désemparés que lui. Leur point commun ? Au fil des pages, nous comprenons progressivement que l'expérience de la Première Guerre mondial les aura tous profondément marqué.
Soudainement, nos personnages décident de se retrouver dans l'Espagne républicaine, à Pampelune, pour assister à la Fiesta, un festival de sept jours où se mêlent alcool et courses de taureaux, durant lequel l'ivresse côtoie la mort. Mais à la fin du roman, le songe s'estompe et nos personnages se retrouvent tout autant perdus qu'auparavant.
Dans un roman épuré et sec, léger et dramatique à la fois, Ernest Hemingway nous livre un portrait simple et bouleversant d'une génération que l'on qualifiera plus tard de perdue.
" Cela me rappelait certains dîner pendant la guerre. Beaucoup de vin, une tension ignorée, et la sensation que des choses inévitables allaient se produire". (p. 166)
" Je me levait et allai sur le balcon regarder les danseurs sur la place. Le monde ne tournoyait plus. Tout était clair et brillant avec un peu de flou sur les bords. Je me lavai et me peignai. Je me faisais un drôle d'effet dans le miroir. Je descendis dans la salle à manger.
- Le voilà, dit Bill. Ce bon vieux Jake. Je savais bien qu'il ne tournerait pas de l'oeil.
- Hello, vieux poivrot, dit Mike.
- La faim m'a réveillé.
- Prends de la soupe, dit Bill.
Nous étions assis tous les trois autour de la table, et on aurait dit qu'il manquait au moins six personnes". (p. 251)