"Il n'y a rien de mieux que les documents authentiques pour construire un récit imaginaire." Tel est le principe de Le sosie d'Adolf Hitler dont le titre ne recoupe qu'un aspect de ce roman extrêmement documenté qui mélange avec une extrême dextérité faits avérés et fiction. Cela vaut aussi pour les principaux protagonistes du livre puisque, aux côtés de Hitler, Bormann ou Eva Braun, figurent des personnages inventés mais somme toute très crédibles. Le narrateur, un agent secret américain, raconte sa longue mission qui consistait à tenter de faire la lumière sur le suicide présumé du Führer en rencontrant notamment quelques uns des derniers témoins de l'effondrement du nazisme en Allemagne, Uruguay ou Argentine. Il y a dans le livre de Luigi Guarnieri des pages hallucinantes sur la vie dans le bunker berlinois, sur les pathologies de Hitler, sur la progression russe dans une ville dévastée, sur le quotidien des prisonniers des goulags sibériens ... Et aussi des faits historiques incontestables comme la façon dont des criminels de guerre nazis ont été exfiltrés vers l'Amérique latine, sous le patronage d'un proche de Juan Peron en Suisse, avec la bénédiction du Vatican. Ce livre est troublant dans le sens où il remet finalement en question toute vérité historique, celle-ci n'étant que théorique et bien entendu conforme à la version des "vainqueurs." Le sosie d'Adolf Hitler, qui en fil rouge trace le portrait d'un homme brisé et persécuté, parce qu'il ressemblait étrangement au dictateur, est un ouvrage brillant et vertigineux dans lequel il est quasiment impossible de distinguer ce qui est du ressort du romanesque face à l'authenticité des faits. Lesquels, de toute manière, seront toujours sujet à caution.