Au risque de recevoir les critiques acerbes des fans de Pierre Bottero (et pourtant j'adore ce qu'a écrit le monsieur), je trouve, encore une fois, que ces lecteurs manquent singulièrement d'objectivité vis à vis de son oeuvre. Loin de moi l'idée de prôner une objectivité totale, mais simplement, dire de ce tome qu'il est parfait, n'est ce pas relativiser la "perfection" des autres histoires qu'il a pu écrire ?
L'Autre, c'est la première trilogie hors Gwendalavir de Pierre Bottero, même si des liens directs existent. C'est la première trilogie sans Ewilan et forcément, la comparaison va se faire. D'autant plus que Bottero va là encore mettre en avant quelques personnages typiques qu'il aime créer. Je pense à Barthélemy, oncle de Nathan (le héros), sorte de guerrier parfait, sosie d'Edwin par moment (même si cette réflexion est accentué par la connaissance des tomes 2 et 3).
Ne le nions pas, je n'ai pas aimé ce tome, je lui ais mis 5 car j'ai accroché quand même, malgré tout, parce qu'il y a de bonnes idées et parce qu'on se divertit, mais il s'agit, à mon sens, du plus mauvais tome de Bottero. Essayons de voir là où notre cher auteur s'est loupé à mon sens.
Premièrement la vitesse. Tout défile bien trop rapidement. L'histoire est très bonne, 7 familles antiques, chacune dotée d'un pouvoir magique, mais après des millénaires de guerres, une seule gouverne le monde dans l'ombre. Un ennemi ancestrale arrivant et s'incarnant en trois humains qu'il faudra vaincre. Deux adolescents héritant chacun du sang de 3 familles ... Bref, plein de bonnes idées. Mais le rythme va malheureusement nous empêcher de savourer cela. De la même manière, on ne profite nullement de la personnalité des personnages, trop peu développés pour être séduisants. Enola en tête.
Heureusement Nathan et Shaé sont attachants, même si, je dois bien l'avoué, j'ai encore eu du mal avec Shaé au départ. Les personnages féminins de Pierre Bottero me font souvent cet effet, ils sont un poil agaçant au début pour finir par devenir attirants. Leurs capacités, leurs histoires, leurs façons d'être et surtout leur amour rend ce petit couple adorable. Mais dans le même temps ils souffrent, eux-aussi, de la vitesse de l'oeuvre. Si on compare au couple Ewilan/Salim où l'amour s'est développé via plusieurs années de proximité, on ne peut qu'être déçu. Certes, Pierre Bottero manie bien mieux que par le passé le sentiment amoureux, et il arrive clairement à nous toucher, mais était-on forcé de sacrifier tout cela sur l'autel du coup de foudre ? Quel dommage !
Globalement le scénario peut même être difficilement compréhensible tant il va vite, je me rappelle que la première lecture m'avait même rendu un poil énervé tant j'avais le sentiment de lire un livre bâclé. La narration se veut intense et rapide, donnant un véritable sentiment de course poursuite. Cela est en effet le cas, mais dans le même temps, on a du mal à sentir l'intensité de la chose tant tout se succède. Le combat de fin de tome est tout aussi décevant.
Bref, malgré que le couple soit attachant et que Pierre Bottero ait gagné en poésie dans son style, on peut regretter un traitement superficiel et bien trop rapide pour ce premier tome ...
Heureusement, le premier tome de La Quête d'Ewilan souffrait des même défauts.