Je n'aime pas Dan Brown. C'est un fraudeur. Un opportuniste. Un menteur. Il est à l'érudisme ce que Patrick Bosso est à l'humour. Après Da Vinci Code, soudainement, des millions de lecteurs se sont improvisés passionnés d'histoire, ont recrachés sans aucun sens critique les pseudo-révélations délirantes de leur nouvel auteur fétiche, Dan Brown, l'homme qui a osé révéler les secrets de l'Eglise ! Qui soulève le voile mystérieux de l'histoire des sociétés secrètes ! Qui tord le cou à l'histoire officielle !

Je hais Dan Brown, en fait. Mais il faut bien l'avouer, ses livres sont accrocheurs. C'est le cas du Da Vinci Code, c'est le cas de ce Symbole Perdu. On retrouve ce cher Robert Langdon, ce professeur, ce chic type foutrement intelligent, appelé par l'assistant de l'un de ses riches amis, Peter Solomon (franc-maçon de son état), pour donner une conférence de toute urgence au Capitole, à Washington. Croyez-moi ou non, lorsqu'il débarque sur les lieux, il n'y a personne ! Il rappelle alors l'assistant, et l'horreur commence, putain, le mec au téléphone est en réalité une sorte d'illuminé adepte de théories farfelues ! Et a déposé la main étrangement tatouée de Peter Solomon, d'une curieuse manière en plein milieu du Capitole ! Nom d'un pull en tweed, se dit notre héros, encore une fois il me faudra décrypter d'obscurs symboles dans les poils de culs d'obscurs tableaux du douzième siècle, tout ça pour sauver un vieux maçon...

Dan Brown, écrire ce nom m'écorche les doigts. On retrouve exactement, mais alors exactement les mêmes clichés, les mêmes poncifs et les mêmes raccourcis que dans Da Vinci Code. Première leçon : quasiment tous les chapitres doivent se terminer sur un cliffhanger. Le lecteur typique de Dan Brown n'est pas vraiment habitué à lire, faut-il le rappeler. Deuxième leçon : Robert Langdon va beaucoup voyager, histoire, à chaque page, de noyer le lecteur sous un tas de références imbuvables, qu'elles soient historiques, littéraires, peu importe, du moment qu'elles soient un tant soit peu mystérieuses. Pas trop longues par contre, ne fatiguons pas notre lecteur. Troisième leçon : un gros twist à la fin. Quatrième leçon : ne pas lésiner sur les flash-backs, histoire de donner une consistance artificielle à notre héros malgré tout dénué de charisme, mais surtout pour abreuver une fois de plus le lecteur d'anecdotes historiques issus du cerveau décidément démesuré de Dan Brown.

Tout est prévisible, tellement usé jusqu'à la corde, tellement Brownesque, ça en devient presque drôle. En lisant je voyais déjà le film dans ma tête. Avec Tom Hanks bien sûr. Le style est en plus vraiment mauvais, non pas sobre ou simple, mais juste mauvais. Et puis cette fin, une fois de plus ridicule !

J'ai peut-être l'air de critiquer gratuitement. J'ai accroché au roman, d'où la note attribuée, et l'ai lu en quelques jours. Quelques scènes sont très efficaces, le suspense y est savamment entretenu parce que l'auteur passe d'une scène à une autre (la scène ou Katherine Solomon se retrouve dans le noir complet, aux prises avec un fou furieux puant l'éthanol est quand même très maîtrisée, tout comme celle ou Langdon se retrouve dans un caisson, je n'en dis pas plus...). Sans nul doute il plaira aux fans de l'auteur, et ils sont nombreux.

Le plus grave je crois réside dans l'avertissement au début du livre, qui explique que tout ce qui est expliqué est factuel. Comprendre : tout est vrai. Hors, c'est une bêtise totale. Le lecteur curieux que je suis a bien sûr été intrigué devant certaines anecdotes du Dan, en lisant les passages sur la noétique par exemple. Une recherche révélera vite les très nombreuses supercheries. Le problème réside dans le fait que nombre de lecteurs ne prendront pas la peine d'effectuer ce travail de recherche, et prendront pour argent comptant les théories fumeuses de l'auteur. Contribuant ainsi aux théories conspirationnistes, à l'essor des pensées new-age, au commerce florissant autour des livres explicatifs ("les secrets du Symbole Perdu révélés"), et à l'abaissement général de l'esprit critique des lecteurs. J'exagère à peine.

Pour finir, je recommanderais à tous la lecture du Pendule de Foucault d'Umberto Eco, véritable anti-roman de Dan Brown. Forcément c'est plus compliqué. Mais faudrait savoir : vous voulez paraître intelligent en société, oui ou non ?
LeChiendeSinope
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le 9 avr. 2010

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