Je suis joueur d'échecs. Ou plutôt j'étais, puisque cela fait longtemps que je n'ai pas touché un échiquier. Mais les échecs, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Ce roman ne pouvait donc pas ne pas séjourner entre mes mains. Je crois que connaître les échecs est important pour aborder ce livre, mais si ce n'est pas votre cas, l'expérience vaut le coup d'être tentée, même si l'on perd peut-être quelque chose.
L'intrigue est tout simplement magistrale, ce sont deux parties d'échecs qui se jouent à cinq cent ans d'intervalle, je n'ai pu m'empêcher à chaque coup de m'attarder sur les positions pour essayer d'anticiper le prochain coup. La partie d'échecs décrite dans le tableau est assez improbable, ce qui renforce admirablement l'hypothèse que le maître soumet aux générations futures non pas une banale scène de la vie quotidienne des personnages, mais un problème d'échec à résoudre.
Les personnages sont, il est vrai, assez (au moins au premier abord) stéréotypés, mais après tout, n'est-ce pas le cas des pièces d'échecs, chacune ayant ses particularités ? On se plait ainsi à imaginer chacun des personnages incarnant l’une des pièces du jeu.