Ce serait dommage si Le tailleur de Relizane passait inaperçu au milieu du déferlement de nouveautés de la Rentrée littéraire. Au nom de tous les siens, ses grands-parents et son père, en particulier, Olivia Elkaim raconte l'histoire qu'elle se refusait jusqu'alors de s'approprier, comme elle l'explique magnifiquement dans son roman, avec des mots sincères, touchants et pudiques. Son grand-père, juif d'Algérie, tailleur de son état, a vécu dans l'angoisse les dernières années de l'Algérie française avant de partir, l'âme contrainte et blessée, de quitter son pays et de rejoindre la France du début des années 60, guère encline à accueillir ces exilés, appelés à découvrir la grisaille hexagonale et la pauvreté après le soleil de la Méditerranée. Si Olivia Elkaim dit toute la complexité de la situation de l'époque, c'est surtout sa capacité à nous plonger dans des vies ballotées, de la manière la plus intime, qui suscite l'adhésion. Pas de grandiloquence dans le style de la romancière mais une langue précise et délicate dans un récit où se meuvent non des salauds ou des héros mais des personnages honnêtes et courageux, entraînés malgré eux dans la grande roue de l'Histoire. Le fait qu'Olivia Elkaim intervienne elle-même dans le récit et nous détaille son propre rapport évolutif aux faits n'a rien d'une coquetterie égocentrique d'écrivain, comme c'est souvent le cas. L'hommage aux siens et partant, à cette "marée" de pieds-noirs s'installant en France, est un pan de notre histoire qu'il est rare de voir narré avec une telle humanité, comme si ses protagonistes étaient de notre propre famille.


Un grand merci à NetGalley et aux Editions Stock !

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le 22 août 2020

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