Pérez Reverte est un écrivain qui sait écrire, et c'est toujours ça de pris. Il pose sur les choses un regard scrupuleux que ses mots précis savent traduire dans les moindres nuances. L'histoire commence en 1928 sur un transatlantique et, de suite, on entre dans une époque perdue d'élégance, de luxe et de sensualité bridée à grand peine. Ensuite, l'histoire se déploie sur 3 époques, marquées par un larcin et la rencontre ou les retrouvailles entre Mecha Inzunza (d'habitude, j'oublie de suite le nom des personnages, mais là, il est tellement répété que je pense qu'il me hantera dans la tombe...), femme d'un compositeur célèbre et créature racée à l’extrême, et Max Costa (pareil, comme un mantra...), danseur mondain de petite extraction. L'attirance entre ces deux-là est évidente et immédiate et servira de fil rouge à leurs destins pourtant éloignés. De fait, cette construction tressée en natte serrée est une trouvaille tout à fait réjouissante, que Reverte mène de main de maître. Et ça évite à son volumineux roman de sombrer dans l'anecdote. Au contraire, la juxtaposition des époques provoque des échos très réussis qui tiennent le lecteur en haleine. Ce qui m'a plutôt rebutée, par contre, c'est ce côté incantatoire de l'attirance que les si beaux protagonistes ressentent : la lumière qui flatte les corps, les tressaillements du désir, son assouvissement cathartique, le jeu appuyé des regards... au bout d'un moment, j'avais compris, c'était bon, ça m'a semblé bien trop complaisant, voire facile. Comme si l'auteur avait cédé à sa propre fascination pour cette liaison torride et tourmentée et n'avait pas su s'en tenir à la bonne distance. Après, c'est juste mon impression et je comprendrais que d'autres se lassent moins vite de toute cette passion débordante... De toute façon, les pages incandescentes sur le tango justifieraient à elles seule cette lecture.

Créée

le 18 juin 2019

Critique lue 213 fois

1 j'aime

Critique lue 213 fois

1

D'autres avis sur Le Tango de la vieille garde

Le Tango de la vieille garde
ChristineDeschamps
7

Critique de Le Tango de la vieille garde par Christine Deschamps

Pérez Reverte est un écrivain qui sait écrire, et c'est toujours ça de pris. Il pose sur les choses un regard scrupuleux que ses mots précis savent traduire dans les moindres nuances. L'histoire...

le 18 juin 2019

1 j'aime

Le Tango de la vieille garde
Cinephile-doux
8

Le jeu pervers du désir

Qu'est-ce que le tango de la Vieille Garde ? C'est celui de l'origine, dansé dans les bouges des quartiers de Barrancas ou de la Boca, à Buenos Aires. Avant que sa version aseptisée et beaucoup moins...

le 16 févr. 2017

Du même critique

Watchmen
ChristineDeschamps
5

Critique de Watchmen par Christine Deschamps

Il va vraiment falloir que je relise le somptueux roman graphique anglais pour aller exhumer à la pince à épiler les références étalées dans ce gloubiboulga pas toujours très digeste, qui recèle...

le 18 déc. 2019

23 j'aime

3

Chernobyl
ChristineDeschamps
9

Critique de Chernobyl par Christine Deschamps

Je ne peux guère prétendre y entendre quoi que ce soit à la fission nucléaire et, comme pas mal de gens, je présume, je suis bien contente d'avoir de l'électricité en quantité tout en étant...

le 9 sept. 2019

13 j'aime

5

Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant
ChristineDeschamps
8

Critique de Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant par Christine Deschamps

Civilisation : "État de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres." Cela ne...

le 16 avr. 2021

11 j'aime

4