Bon. Je dois faire une confession : j'ai lu ce livre de façon mécanique, en grande partie.
Le résumé me tentait vraiment : une nana qui a changé de vie suite à une rupture amoureuse avec sa meuf, Alessandra. Je le dis direct, parce que ce prénom revient un bon paquet de fois dès le début du roman, laissant penser qu'Amy n'a pas vraiment mis un point final à cette histoire d'amour.
Amy vit désormais dans le sous-sol de la maison de son propriétaire, un genre d'appart minuscule, super minimaliste (pour tout te dire, Amy possède juste une caisse avec quelques t-shirts et pantalons et l'auteur insiste bien pour nous montrer qu'elle est réfractaire aux technologies, la meuf possède encore un walkman à cassettes - tu me diras moi aussi, juste je l'utilise plus depuis 15 ans).
Elle bosse de temps en temps quand elle a vraiment besoin d'argent, sinon elle fait du bénévolat pour donner la communion aux personnes âgées de son quartier (et accessoirement vérifier qu'ils ne sont pas morts). Tout le monde a un nom de famille italien qui finit en "i" et tout le monde jase sur ses voisins.
Un jour, elle prend en filature un type louche, Vincent, qui s'est imposé chez une vieille dame du quartier, dont Amy s'occupait. Elle passe la journée à le suivre. Le soir, au milieu d'une rue, il se fait tuer sous ses yeux. Amy est la seule à avoir vu l'assassin.
Et à partir de ce moment-là, tout s'enchaîne dans la vie d'Amy. Parce qu'au lieu d'appeler le 911 comme une personne normale, Amy se penche sur Vincent, le regarde mourir et vole l'arme du crime. Riche idée, pas vrai ?!
Elle qui avait une routine on ne peut plus réglée, voit débarquer dans sa vie des personnes de son passé. Elle joue alors avec ses différentes identités, tout en essayant d'échapper à l'assassin de Vincent.
Avec un résumé pareil, tu te dis que ça ne pouvait être qu'intéressant ! Oui, mais... l'auteur nous pond une histoire en mode GPS (du genre "Amy prit Eighty-Sixth Street au carrefour avec la Twentieth", ok, dude, who cares ?), sans pour autant nous donner des éléments de la géographie du quartier, ou très peu. Quand tu ne connais pas ou que tu n'y vis pas, ce sont juste des indications inutiles, qui ne créent rien, pas même une ambiance de quartier. La moitié du temps, je ne savais pas à quoi ressemblaient ces rues, étaient-elles animées ? ou juste des rues résidentielles ?
J'ai aussi trouvé que l'irruption dans la vie d'Amy de ses anciens proches, rendait l'histoire moins crédible. Comme si au moment où un énorme événement arrive, il fallait que tout se chamboule, ça sonnait faux. Ça m'a donné l'impression que l'auteur partait dans tous les sens : résoudre une intrigue familiale et une intrigue amoureuse, en plus de l'intrigue principale qui est celle de la "course" à l'assassin, ça rendait l'histoire trop nébuleuse. Qu'est-ce qui prime pour Amy ? l'amour ? se préoccuper des vieilles dames du quartier ? comprendre l'assassin ?
Dans le style, il y a un petit côté vaudeville, quand l'assassin se trouve dans la salle de bain d'Amy à quelques mètres de la mère de Vincent. Ou avec l'omniprésence du propriétaire d'Amy qui passe son temps à son portail pour surveiller ses allées et venues. Un peu comme si ce quartier vivait en vase clos avec tous ces seniors qui passent leur temps à surveiller tout le monde.
Mais ce côté décalé rend l'histoire encore plus difficile à appréhender, sur quel registre on joue ? Parfois c'est sérieux et on bascule dans le polar, et puis c'est entrecoupé de ces moments de vie où Amy se réconcilie un peu avec des gens. Mais en fait, on n'a pas de tension, le suspense qu'on attend d'un polar.
Concernant le personnage d'Amy, on ne sait pas grand chose d'elle, sinon les grandes lignes (séparée depuis quelques temps, sans famille, a quitté son job de barmaid pour faire du bénévolat au sein d'une église). On ne peut même pas en faire un roman social, pourtant la précarité est là, entre les lignes et ça aurait pu donner un peu de poids à cette histoire.
Pareil quant à ses états d'âme, on pourrait la penser torturée, triste, mais elle est sans émotion, juste "plate". Etrangement ce sont les personnages autour d'elles qui ont du relief : Fred, Alessandra, Vincent, Dom. Comme si Amy traversait la vie sans la ressentir.
Ce n'est pas un mauvais livre, ça n'a juste pas pris la direction à laquelle je m'attendais. J'aurais aimé accrocher beaucoup plus, mais je sais qu'il ne me restera pas beaucoup de souvenirs de ce livre dans quelques semaines.
Par contre, le titre est ultra bien choisi : solitaire parce qu'Amy est très seule, mais solitaire comme une bague (si tu as lu le roman tu saisiras ce que je veux dire).
Je suis généreuse sur la note, je crois que c'est parce que c'est du Gallmeister et que ça me fait toujours un petit pincement au coeur d'être déçue.