Le temple des oies sauvages
Après avoir lu, le beau roman "poupées de bambou" publié en 1963, me voici remontant un peu le temps dans la bibliographie de Mizukami jusqu'à 1961 pour y trouver ce "temple des oies...
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le 25 janv. 2025
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Après avoir lu, le beau roman "poupées de bambou" publié en 1963, me voici remontant un peu le temps dans la bibliographie de Mizukami jusqu'à 1961 pour y trouver ce "temple des oies sauvages".
L'action du livre se déroule dans le milieu monacal des temples de Kyoto dont on comprend qu'ils sont liés entre eux à travers des accords d'entraide ou de coopération ou encore suivant une ligne philosophique. D'ailleurs, l'auteur (le traducteur ?) emploie à plusieurs reprises le mot "secte" sous-entendant une diversité de pensée entre les différents temples ou plutôt entre les différentes associations de temples.
Mais le sujet n'est pas tellement là. Mizukami nous décrit un monde très fermé où l'accès à la position de moine nécessite un long apprentissage dès le plus jeune âge et surtout le passage par un état de serviteur totalement soumis au moine de qui il dépend.
Le roman serait en partie autobiographique dans la mesure où Mizukami lui-même a été dans la situation du novice Jinen jusqu'à ce qu'il décide d'abandonner la filière monacale en raison de l'existence difficile et ingrate au sein du monastère.
Mizukami nous plonge dans la vie d'un monastère confinant au huis-clos entre Jikai, le moine, Satoko, son épouse et le novice Jinen. Bien plus que cela, il nous dévoile certaines mœurs japonaises où Satoko, maîtresse d'un peintre mourant résidant au temple, est "transmise" à Jikai par lui sans qu'elle n'ait rien à dire. Elle tombe d'ailleurs plutôt bien puisque Jikai, un tantinet libertin pour ne pas dire lubrique, lui révèle sa féminité et développe sa libido, ce que le vieux peintre n'avait, semble-t-il, pas été capable de faire à part de peindre ces fresques d'oies sauvages … Face à ce couple, Jinen, le novice, assiste régulièrement aux ébats pas toujours discrets jusqu'à tomber amoureux de Satoko. Mais Jinen est un être traumatisé par le comportement de sa mère qui l'a abandonné à cet état de semi-esclave d'apprenti, complexé par son physique peu avenant et troublé par certains gestes maladroits de Satoko. Il va développer en lui-même, dans cette atmosphère trouble et malsaine, un sentiment de révolte, mélange intime de jalousie, de haine, de frustration et de soumission.
L'auteur ménage ainsi une montée de la tension dans ce huis-clos, sous le regard de ces oies sauvages, jusqu'à une délivrance soigneusement et lentement méditée, mûrie, puis mise en œuvre. Au fait, est-ce une délivrance ou une vengeance ?
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le 25 janv. 2025
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