Bonjour.

Étrange Monsieur Werber.

Intéressé dès la sortie de la Trilogie des Fourmis, j'ai assez vite décroché : on a l'impression d'accompagner quelqu'un qui ne va nulle part.

Des années après cet ouvrage et quelques autres Thanatonautes, je tente "Le temps des chimères".

Même constat : après la présentation rapide de chimères génétiques complètement absurdes, on se retrouve avec l'héroïne, propulsés en station orbitale où elle va pouvoir poursuivre discrètement ses expériences...dans un espace confiné avec plusieurs autres astronautes dont l'un a embarqué un revolver...

Ça part dans tous les sens, à partir d'un assemblage permanent de digressions sur chaque élément qui se présente dans la narration. Un ensemble de non événements cousus ensemble sans parvenir à un patchwork qui puisse prétendre à quelque forme que ce soit.

La forme est informe ; c'est gênant. Même si le recours à sa fameuse Encyclopédie du Savoir Relatif vient l'enrichir de quelque trait d'humour, historique ou scientifique.

Le style est sans doute ce qui peut être le plus gênant. On a l'impression que, plutôt que d'employer le terme adéquat, la périphrase est très souvent privilégiée. L'effet est de l'ordre du délayage pour un certain populisme littéraire : être compris par le public le plus large, quitte à faire moins littéraire ... et l'accessibilité fera la vente. Au détriment du plaisir de lire. Une littérature d'un niveau télévisuel de masse. C'est sans doute un choix éditorial. C'est-à-dire à visée éminemment mercantile. Alors que certaines émissions télévisées, même s'adressant à un public jeune, ont su être d'un tout autre niveau ; "C'est pas sorcier" en est l'exemple.

Il est regrettable d'avoir autant d'idées, d'originalité et de savoirs, sans aller plus loin que ce ciblage exclusif, au détriment d'une qualité qu'on souhaiterait bien supérieure.

Sans enfoncer méchamment le clou, est-il si difficile, après une trentaine d'années de métier, de confronter son œuvre à, par exemple, "La Nuit des Temps" de Barjavel ?

Oui, c'est un bijou. Justement. Et qui a traversé le siècle sans déchoir. On y trouvera sûrement de quoi s'inspirer : focalisation sur l'objet du roman, pas de dispersion tous azimuts, simplicité du style sans appauvrissement, sens du drame...

Étrange Monsieur Werber qui n'a pas vieilli d'une ride ni d'une maturité qui se fait attendre.

Assez décevant.

Pas grave. On patientera volontiers encore quelques années, surtout si l'on parvient à nous augmenter d'un nouvel humanisme et du temps qu'il nous reste.

Barbiraggio
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le 20 sept. 2024

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