Selon Pietro Citati, « nous sommes nous aussi emprisonnés, victimes d’une parole qui monologue, solitaire, et raconte, commente, se révèle, se masque, formule des hypothèses, les détruit, envisage des possibilités, se livre à des calculs laborieux, en un délire intellectuel et d’imagination qui se substitue à l’univers créé ».
C’est dans wikipédia. Il a raison. C’est le problème de la réflexivité ou de la conscience. La taupe est seule. Elle se parle tout de seule et se dévore elle-même. C’est comme une montée difficile ou une redescente.
Le terrier c’est l’écriture aussi. Rapport à l’œuvre qui ne peut qu’être insatisfait. Et en même temps la taupe plaint ceux qui n’ont pas de terrier, qui doivent vivre à l’air libre et sans logis. Kafka plaint ceux qui n’écrivent pas.
Rapport entre le terrier réel et le terrier idéal. Franchement je trouve que Deleuze en fait des caisses au début du Kafka. Il dit qu’on peut rentrer n’importe où et que la carte change en fonction du chemin. L’idée est super belle mais c’est pas vraiment comme ça qu’il se présente dans la nouvelle le terrier. Nous on se représente pas bien l’espace mais la taupe si, et la place forte ne change jamais, le reste est assez uniforme. C’est toujours l’extérieur, ou les petites bêtes, ou la réflexivité malade de la taupe qui produisent du changement ou de l’hétérogénéité. Pas vraiment le parcours. Le terrier ne se déterritorialise pas tout seul.
Nouvelle inachevée mais pas roman interminable je crois. Ou entre les deux. On pressent l’agencement machine et son démontage, on l’a, d’ailleurs, en réalité, parce que la taupe pourrait continuer de psychoter et réellement se mettre au travail et détruire sans arrêt le terrier pour le reconstruire différemment pendant des milliers de page. Mais ce serait un peu chiant je pense. Qu’est-ce qui manque ? J’ai deux idées : 1) Le sujet n’a juste pas assez d’ampleur pour pas très vite tourner en rond. 2) La taupe maitrise le lieu. K découvre le château. Indices machiniques ? Robinson construit l’île mais la découvre en même temps. Oui peut-être qu’on arrive trop tard dans le terrier. Je sais pas. 3) Pas de déterritorialisation interne au terrier. Les petits cavités creusées par les rats ne comptent pas. Le danger au dehors est trop flottant et uniforme.