Panurge cocu ?

Nombreux sont ceux qui connaissent , de Rabelais, Gargantua et Pantagruel, mais peu nombreux sont ceux qui connaissent Le Tiers Livre, Le Quart Livre et le Cinquième Livre, suites des aventures de Pantagruel et Panurge, bien plus présents dans l’œuvre rabelaisienne que le pourtant plus notoire Gargantua.

Les guerres et escarmouches résolues à coups d’urine de jument ou de coups de mât sont finies. Place maintenant à la vie matrimoniale pour Panurge qui aspire à se marier et cherche à rassurer sa peur d’être cocu à travers des prophéties plus ou moins loufoques, allant de la lecture de l’avenir par le biais d’un reflet dans le miroir à la consultation d’oracle sylvain en passant par la délibération d’homme très savants ès juridiction matrimoniale.

On suit donc Panurge, qu’on voit d’emblée comme un fieffé filou avide de sophismes lorsqu’il vante les mérites de la dette, accompagné du plus sérieux et lucide Pantagruel, qui va rencontrer pléthore de gens qualifiés pour pouvoir trouver une réponse à sa question : « Finirai-je cocu ? »

Eh bien tout porte à croire que Panurge sera cocu ! Du moins, c’est le même son de cloche qui résonne de la bouche (oubdes mains) de ceux à qui il pose la question. Mais Panurge voit du positif là où les signes sont mauvais ! En plus d’être cocu, on lui dira qu’il sera battu et volé ! Qu’importe, après quelques morceaux exemplaires de mauvaise foi, il continue, et nous l’accompagnons.

L’imagination de Rabelais semblait sans limite, on a souvent les yeux écarquillés lorsqu’on lit les conversations entre Panurge et ses oracles, dont certains sont vraiment perchés.

Le vocabulaire et la syntaxe de l’époque demandent des efforts pour pouvoir comprendre, mais là réside tout le sel de l’œuvre, et une fois qu’on s’y est fait, on se surprend à vouloir parler comme Rabelais écrit !

Les gaudrioles y sont encore légion, et font bel effet lorsqu’elles sont entre deux références mythologiques ou médicales savantes. Évidemment, je n’avais pas toutes les références, et encore moins toute la connaissance du vocabulaire de l’époque, il fallait donc que je lise les notes pour comprendre, rien de tel pour interrompre la lecture et la rendre parfois indigeste.

Mais le plaisir était là, ressenti à travers la plume unique de Rabelais, caustique et extravagante, piquante et démesurée. Voyons le Quart Livre.