Une rencontre fortuite dans une auberge des Dolomites. Un traducteur de yiddish amateur d'escalade et une femme dont le père est un criminel de guerre nazi. Ce n'est qu'une brève rencontre et chacun ignore qui est véritablement l'autre. En narrant ce court moment du point de vue de l'un puis de l'autre, Erri De Luca réussit une nouvelle miniature (88 pages) dont il a le secret. Et derrière les thèmes principaux, on y retrouve quelques uns de ses sujets majeurs : le goût de la nature et la sensualité des souvenirs d'enfance. Comme souvent dans les livres du romancier italien, il y a un goût de trop peu dans Le tort du soldat, une frustration évidente tant on aimerait que l'auteur développe cet embryon de relation d'autant que la fin ouverte laisse espérer une suite possible. Brillant sans ostentation, émouvant sans pathos, puissant avec une force d'évocation peu commune, poétique sans oublier d'être réaliste, Le tort du soldat, aussi rapidement lu soit-il, laisse une impression durable.