Le tour du monde du roi Zibeline est une réécriture des mémoires de Maurice Beniowski, publié au XVIIIe siècle, et qui content les vrais aventures, bien que débattus, d'un explorateur polonais, slovaque ou hongrois, suivant les esprits et politiques du moment, réécrit en 2017 par Jean-Christophe Ruffin, aussi explorateur, vu qu'ancien ambassadeur de France au Sénégal, académicien et romancier français.
Ce genre de roman nous est très précieux. Les aventures de Maurice Beniowski, je vais bien l'avouer, je ne connaissais absolument pas cet explorateur de cet époque. Et c'est grâce à ce genre de roman que nous pouvons découvrir des pans entiers méconnus de notre histoire. L'auteur nous avait déjà gratifié de son expertise en la matière, avec Rouge Brésil, qui nous permettait de découvrir l'expédition très peu connu de Villegagnon, au Brésil.
Jean-Christophe a vraiment une plume addictive. Son roman est très vivant, et c'est d'autant plus agréable quand le roman parle de personnes qui ont vraiment existé. On a l'impression de vivre leurs aventures. C'est bien écrit et remplis de petites références historiques à la période.
L'aspect romanesque du roman ne gène pas vraiment la lecture. Il n'y a pas de gros raccourcis historiques, et très peu d'anachronisme. Plus d'une fois, les personnages sont dans l'esprit de leurs époques, avec leurs défauts, leur clichés, leurs conceptions du monde. Bien sûr, on a affaire à deux personnages principaux qui sont extrêmement lisse, mais l'auteur le dit lui-même. Le personnage historique s'efface derrière le personnage de roman, et ainsi, le flou entre histoire et fiction, qui existait déjà chez l'auteur d'origine.
On peut critiquer peut-être une troisième partie du roman trop rapide, mais malheureusement, c'est aussi lié au manque de renseignements sur ces périodes. La fin est très vite, rushé, peut-être aussi pour s'assurer d'une cohérence avec l'histoire du roman. On sent que les narrateurs sont de plus en plus rushé par les autres personnes entourant l'auditeur principal de leurs histoires. C'est cohérent mais dommage. Mais comme on dit, quand le principal défaut qu'on donne à une oeuvre, c'est qu'elle est trop courte, et bien... C'est bon signe !