Ah Jules Verne, rien que ce nom évoque déjà l'aventure et le voyage avant même de s'être adonné aux joies de la lecture, le même genre d'élan nostalgique qui s'imprègne quand j'évoque Georges Méliès. C'est dans mes premières jeunes années à découvrir ce que la lecture pouvait m'apporter que le style de Jules Verne s'est emparé de moi et m'a donné une soif de culture intarissable, une envie de comprendre le monde qui m'entoure, ses différences, ses forces et ses faiblesses. J'ai plus voyagé en lisant ces bouquins que durant mes 15 premières années, et je pense que c'est en parti après avoir évolué des années dans ces récits à travers la lune, sous les fonds marins, à la recherche d'objets mystérieux que j'ai pu décider de partir du jour au lendemain à Tokyo.
Mais aujourd'hui, je vais rapidement parler de l'un de ces nombreux romans que je dévorais plus jeune, Le tour du monde en 80 jours, rien que son titre interpelle immédiatement son lecteur et le glisse dans des draps confortables, accompagné d'un chocolat chaud prêt à décoller à toute vitesse pour contempler à travers les yeux de ses personnages les merveilles du monde entier.
On fera rapidement la connaissance de Phileas Fogg longuement décrit dans les premières pages du roman, comme un gentleman Anglais bien sous tout rapport, rentier et joueur invétéré de Whist à la vie terriblement bien rangée avant son pari insensé, ainsi que son valet français du nom de Jean Passepartout qui après avoir testé de nombreuses professions était bien décidé à une vie rangée et tranquille pensait avoir trouvé le travail idéal ( avant le pari insensé de son patron )...
Cette opposition de style reprise des milliers de fois au cinéma fonctionne tout autant dans la littérature et offre rapidement une narration dynamique et des dialogues qui s'enchaînent avec finesse, jamais lourd dans le style, ne retardant jamais l'action. Pour parachever ce lancement, il faut en plus faire avec un inspecteur qui suite à un quiproquo ne sera jamais très loin de notre binôme.
On reproche souvent à Jules Verne de se montrer trop prolixe dans les descriptions de ces lieux quitte à perdre son lecteur durant plusieurs pages, il s'adapte ici à la course contre la montre de ses personnages pour décrire très brièvement les lieux parcourus, ce qui peut parfois se montrer presque frustrant quand nos héros passent par l'Inde, le Japon ou la Chine.
S'attardant davantage sur les moyens utiliser pour parvenir à ces destinations, c'est une lettre d'amour à tous les transports imaginables d'un homme qui voit le monde grandir autour de lui et qui pourrait traduire à travers ses écrits des rêves dessinés par Miyazaki, donnant un réel cachet à cette aventure humaine inoubliable.
Durant ces 80 jours, si tous les obstacles du monde viendront se mettre sur la route de nos héros, j'ai apprécié que ne soit jamais forcé, j'ai aimé ce sublime passage en Inde qui force le respect et donne un autre visage à Phileas Fogg, un peu terne jusque là. Passepartout lui brillera par ses maladresses mais aussi par sa bienveillance et sa fidélité à toute épreuve et j'aime par dessus tout la conclusion de son livre. Que ce soit les révélations finale qui donnent à Verne le loisir de mélanger, aventure et physique ou le message final qui en découle, le même que celui délivré par Nolan dans Interstellar sous fond de science fiction.
Le Tour du monde en 80 jours est un très beau livre, de ceux écrit par un auteur au sommet de sa forme qui fait du bien avec plusieurs niveaux de lectures pour petits et grands et qui à chaque page permet de s'arrêter sur des paysages divers et variés à bord d'un train, sentir le vent effleurer son visage sur l'un des nombreux paquebots utilisés, tout en attendant la résolution d'une course et sa conclusion épatante, à lire et relire.