Evidemment, si vous n’aimez ni les thrillers ésotériques ou théologiques ni les romans historiques et si vous n’êtes pas fan d’Indiana Jones ni de Lara Croft ou d’Harry Poter, mieux vaut choisir une autre lecture car cette saga de La Nuit du Mal en est un brassage explosif.
Quand Hitler confie à Himmler la mission absolue de retrouver les racines de la nation allemande et de prouver sa suprématie, celui-ci va créer l’Ahnenerbe, institut de recherches pluridisciplinaires. Sous le couvert de missions archéologiques il va sillonner le monde, du Tibet aux Canaries, à la recherche de ces preuves en même temps que quatre svastikas (croix gammées) censées donner à ses détenteurs la puissance absolue. En face, le SOE de Churchill va tout faire pour les en empêcher.
Dans ce genre de roman la difficulté, ou le plaisir, pour le lecteur est de savoir démêler le vrai du faux, distinguer la part romanesque de celle historique. Et là, il faut admettre que les auteurs nous abuserons plus d’une fois. On croit les personnages imaginaires et ceux appartenant réellement à l’Histoire rapidement identifiés mais on apprendra plus tard, par ex, qu’ Erika von Essling, la Lara Croft de service du roman a réellement existé mais sous un autre nom. Quant à Tristan Marcas, le trafiquant d’art au passé trouble, il nous rappelle furieusement le commissaire franc-maçon Antoine Marcas, héros d’une autre saga romans-bd du même duo d’auteurs. Il y a fatalement un lien familial entre eux mais le premier opus de la saga ne nous en révèle rien. Affaire à suivre…
Quant aux évènements eux-mêmes, là encore, la fiction et l’Histoire s’entremêlent intimement au point souvent de ne plus les distinguer. Ce qui nous apparaissait comme relevant d’un ésotérisme imaginaire flagrant devient soudainement vérité ( la société Thulé, l’Ordre noir etc…) Etonnant également, mais avéré, cet intérêt marqué pour le surnaturel, l’occulte et l’ésotérisme que manifestaient le nazisme et l’hitlérisme.
A ce titre, l’indispensable très complet et très fouillé épilogue à la fin de l’ouvrage, nous permet de démêler plus sûrement le vrai du faux.
Au final, un ouvrage passionnant, remarquablement bien documenté, bien écrit et qui se dévore de bout en bout à condition d’en accepter les préceptes initiaux.
NB : A la page 341, l’agent anglais actionne le mécanisme secret d’un énorme tonneau qui révèle un escalier dérobé. Petit clin d’œil d’auteurs de BD au maître Hergé dans Le Crabe aux Pinces d’Or ?