Le Tueur intime par Eriador

Pourtant habituée en matière de lectures noires, la première moitié du bouquin m'a sacrément secouée. A la manière d'American Psycho, on suit l'évolution d'un personnage hors du commun, un violeur (puis meurtrier) récidiviste. L'autrice n'y va pas de main morte en termes de détails monstrueux, et finalement c'est le point que j'ai trouvé le plus réussi. Dans la seconde partie, on alterne entre deux regards, celui de Will le psychopathe et celui du FBI, ce qui est intéressant. Par dessus tout, on s'attache au personnage de RJ qui vient un peu adoucir l'ensemble.
Malgré ces très bons éléments, j'ai été déçue sur de nombreux points :

1. Les personnages féminins ne sont pas mis en valeur. Pour exemple, les deux femmes principales du roman sont Samantha la victime, totalement soumise, qui fait les pires choix du monde pour s'attirer le plus d'embrouilles possibles; et Carla l'hypersexuelle obsédée par le profiler attendrissant. Seule Laura semble avoir réellement la tête sur les épaules, mais on ne s'attarde que trop peu sur son histoire.




2. Cette équipe de bras cassés, qui travaille quand même pour le FBI. Donc brièvement, la nana qui pense plus à pécho le héros qu'à traquer le criminel; le chef qui a juste envie de s'éclipser parce qu'il prend conscience qu'il ne sait pas diriger une équipe; le connard arrogant qui ne supporte pas qu'un petit nouveau lui vole la vedette… et j'en passe. Pas étonnant qu'ils galèrent à lui mettre la main dessus depuis des années ! Niveau professionnalisme et stabilité émotionnelle on repassera.




3. [SPOILERS]

   
   

   Je n'ai pas compris la scène dans laquelle Samantha se sacrifie pour RJ. Elle pouvait tout aussi bien (si ce n'est mieux) attraper un couteau pendant que Will s'occupait du profiler. Pourquoi imposer un énième viol à la femme qui en a clairement bavé pendant tout le récit alors que celui-ci aurait pu être évité ? Pour préserver le héros ?...




4. La lecture est parfois pénible et peu fluide. Des expressions reviennent sans cesse : la palme d'or pour "Il se mordit les lèvres" qui apparait un nombre incalculable de fois avant le dialogue.