Un roman né à la suite de l’expertise d’une célèbre toile de Titien : « L’homme au gant ». Le rapport (rendu public en 2009) note que la signature a été apposée en deux fois, avec des matériaux différents, en deux ateliers différents. Et par deux mains différentes. Le célèbre Titien ne serait donc pas un Titien. Il n’en fallait pas davantage à Metin Arditi pour bâtir une fiction passionnante, fictive mais en tout point crédible.

Au XVIe siècle, Elie, un jeune juif de Constantinople, artiste prodige, s’embarque pour Venise. Sa religion lui interdit de représenter un homme, un animal ou quelque créature de Dieu que ce soit. Car nul ne saurait réinventer Son œuvre. Nul ne saurait prétendre faire mieux que Lui. Dessiner et peindre sont donc interdit à cet adolescent qui ne vit déjà que pour son art. Arrivé dans la célèbre lagune, Elie travestit son nom, prétend appartenir à l’Eglise chrétienne d’Orient et commence son apprentissage dans l’atelier du maître de la Renaissance vénitienne, Titien, qui le prend sous son aile.

Dès lors, il devient un grand parmi les Grands. Son carnet de commandes est chargé comme aucun autre : il peint plus que ses talentueux confères et rayonne tout au sommet de la discipline, reconnu par son ancien maître et ami lui-même. Jusqu’au faux pas qui le jettera en prison et conduira l’Inquisition à détruire la totalité de ses toiles. Toutes sauf une : « l’homme au gant » offert à Titien qui choisit de s’attribuer la paternité de l’œuvre pour sauver cette dernière de l’autodafé.

Un récit historique de grande qualité montrant la vie de l’époque, des souks de Constantinople à la puanteur des canaux vénitiens. Les excès des Religions dans lesquels interviennent les ambitions personnelles de leurs théocrates respectifs. Vanités et conflits d’intérêt. Préjugés. Misère des pauvres gens prompts à conspuer l’homme déchu, trop heureux de trouver plus misérable qu’eux afin de reporter sur lui toutes les vilénies accumulées et supportées au quotidien. Description détaillée d’une époque troublée dans laquelle se démarquer des autres exposait l’individu aux foudres d’une Eglise toute puissante.

Un texte bien écrit, malheureusement émaillé de détails et d’anecdotes d’ordre sexuel, crus et n’apportant rien à un récit au demeurant de qualité. Un sentiment très positif à la fin de ma lecture, empreint toutefois d’une touche de regret.
BibliOrnitho
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le 20 juil. 2012

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