Elie ne pense, ne rêve, ne vit que pour le dessin. Mais comment assouvir ce feu intérieur lorsqu’on est un pauvre enfant juif dans la Corne d’Or du XVI siècle ? On n’est guère plus qu’un esclave, une sorte d’homme de seconde zone comme son père commis d’un marchand d’esclaves. Mais ce n’est rien face aux traditions, aux coutumes et à la religion qui imposent aussi bien dans l’Islam que le Judaïsme toute représentation humaine. Pour lui, le seul art graphique possible reste la calligraphie, dans le choix des encres, du calame et du geste le plus pur pour dessiner le caractère ….
Ce roman s’articule en 3 parties principales. La première, déjà introduite, relate l’enfance d’Elie à Istanbul. Elie est en attente, rêve de fuir et a honte de son père. La deuxième traite de son apprentissage à l’art de peindre à Venise puis sa consécration comme maitre révéré et reconnu à l’âge mûr : on le connaît alors comme le Turquetto. On le voit peu à peu dompter son génie pour atteindre au sublime. Mais le vernis semble se craqueler par l’amour, le besoin de vérité face à sa judaïté. Enfin la troisième et dernière partie où Elie retourne à Istanbul se cacher, perdre tout et finalement arriver à une rédemption, ou du moins à une certaine paix envers lui
Ce roman est foisonnant, donne de la vie à la Venise et Istanbul de l’époque, donne une vision de la société multiple de ces cités, des rapports complexes et lourds entre leurs différentes composantes. Il touche aussi à des thèmes comme l’identité, la filiation, le rapport à l’art, la trahison…
D’une plume alerte, ce récit enlevé vous tient de bout en bout et il est bien difficile de s’en détacher. Pour ma part, je l’ai lu d’une traite et cela faisait bien longtemps que cela ne s’était pas produit.

Créée

le 11 sept. 2020

Critique lue 144 fois

Critique lue 144 fois

D'autres avis sur Le Turquetto

Le Turquetto
Ninaintherain
8

Critique de Le Turquetto par Nina in the rain

Ah, de Dieu, que ça fait du bien ! Depuis quelques jours, depuis ma reprise du travail pour être précise, la lecture était devenue difficile. Rien ne trouvait grâce à mes yeux, les Morues en ont pris...

le 28 mars 2012

3 j'aime

Le Turquetto
Le_blog_de_Yuko
6

Critique de Le Turquetto par Le_blog_de_Yuko

Metin Arditi nous livre ici une oeuvre chaude et révoltée. Des bazars de Constantinople aux églises vénitiennes, l'auteur nous entraîne sur les traces du peintre, de ses passions et de ses...

le 14 sept. 2013

1 j'aime

Le Turquetto
BibliOrnitho
8

Critique de Le Turquetto par BibliOrnitho

Un roman né à la suite de l’expertise d’une célèbre toile de Titien : « L’homme au gant ». Le rapport (rendu public en 2009) note que la signature a été apposée en deux fois, avec des matériaux...

le 20 juil. 2012

1 j'aime

Du même critique

Pedro Páramo
GrandGousierGuerin
7

Critique de Pedro Páramo par GrandGousierGuerin

« Je suis venu à Comala parce que j’ai appris que mon père, un certain Pedro Paramo, y vivait. C’est ma mère qui me l’a dit. Et je lui ai promis d’aller le voir quand elle serait morte. J’ai pressé...

le 20 août 2015

7 j'aime

Jérôme
GrandGousierGuerin
9

Critique de Jérôme par GrandGousierGuerin

Si je devais choisir quel livre mériterait une critique, ce serait sans conteste le Jérôme de Martinet. En effet, j’en suis encore resté sidéré. Cela fait plus de un an et demi que Jérôme trône sur...

le 9 janv. 2015

6 j'aime

1