Le Vent du Nord
7.3
Le Vent du Nord

livre de Tarjei Vesaas (1952)

Voilà ce qu'on peut lire sur la quatrième de couverture de l'édition de poche (265 pages) de ce recueil de 13 nouvelles (Prix Venise en 1952) "L'auteur nous promène dans des décors de rêve ou de labeur tranquille, entre des gaillards solides et des petites filles modèles, avant de nous faire entrevoir quelques-unes des plus sombres virtualités de l'homme. Le diable rôde jusque sous la magnifique lumière boréale (ce qui au passage justifie l'illustration de couverture), semble vouloir nous dire Vesaas, et, s'ils n'y prennent garde, les hommes dégringolent dans les gouffres qui s'ouvrent en eux." Plus loin, annoncé comme extrait de la préface de Jean-René van der Plaetsen "Dans le vent du nord... on retrouve tout l'art et la manière du Vesaas de la maturité. C'est-à-dire un parfait équilibre entre réalisme, symbolisme et fantastique, sobriété et lyrisme, espoir et pessimisme."


Ayant trouvé ces quelques lignes très alléchantes, je me suis lancé à la découverte d'un auteur dont je ne me souvenais pas avoir jamais entendu parler. Les informations sur Vesaas étant assez succinctes, autant reprendre point par point les éléments annoncés par l'éditeur.


Le diable, on peut éventuellement l'imaginer à certains moments.


La lumière boréale ? Idem. La meilleure illustration étant sur la couverture, ce qui montre bien l'immense pouvoir de suggestion de l'image. Présentez la même œuvre sous deux couvertures différentes, l'attrait risque lui aussi d'être différent.


Les virtualités de l'homme, tout à fait d'accord, en particulier dans "Samedi soir" ou un simple regard lancé par une mère surprise par ses enfants suffit à changer irrémédiablement l'idée qu'ils se font d'elle.


Pour ce qui est du réalisme, il est donné par la description des différents milieux (surtout familiaux). Le symbolisme est apporté par l'innocence des enfants confrontée aux réalités de la vie, avec par exemple les éléments naturels que sont l'eau, le feu ou le vent qui apportent du mouvement et éventuellement des dangers. Le fantastique est surtout suggéré, sauf dans "Le blé qui vient" où malheureusement la chute apporte un apaisement un peu facile à mon avis.


En ce qui concerne les décors utilisés par l'auteur, ils donnent une idée intéressante de son pays, la Norvège, sans pour autant l'embellir me semble-t-il. Vesaas s'intéresse plutôt aux décors de la chronique rurale (paysanne) et à la nature. L'ambiance laborieuse est évidemment présente, mais pas seulement, surtout qu’il fait une large place à l'univers enfantin (et même animalier avec la première nouvelle).


Le plus intéressant se trouve à mon avis dans les plus sombres virtualités de l'homme, qui apparaissent par moments, surtout dans des inquiétudes. Inquiétude des parents pour leurs enfants. Inquiétudes d'enfants vis-à-vis de l'avenir, de leurs aspirations et de leurs jeux. Enfin surtout, inquiétude d'un ouvrier, dans une ambiance qui vise ouvertement le fantastique, même si sa conclusion m'a un peu déçu par sa volonté d'apaisement trop simpliste. Comme si cette littérature s'adressait à un public enfantin qu'on peut effrayer au passage, mais qu'il faut finalement rassurer. C'est peut-être la raison qui fait que l'auteur a éveillé l’intérêt du monde enseignant. Pour appuyer cette thèse, j'ajoute que le style agréable vise plutôt la simplicité et le dépouillement. La petite déception pour mon compte, c'est que l'ensemble n'atteint pas la puissance que j'espérais. Je regrette également de rester dans l'ignorance totale de la genèse de ces œuvres. Même si l'ouvrage a été publié tel quel à l'origine, rien n'indique sur quelle durée les 13 nouvelles s'espacent. La présentation éditeur parle de Vesaas comme si tout le monde le connaissait et avait dépouillé ses autres œuvres, en particulier quelques romans, pour connaître son style et ses thèmes de prédilection. Tarjei Vesaas (1897-1970) serait l'un des grands écrivains norvégiens du XXème siècle (l'autre étant Knut Hamsun). Parmi ses œuvres Palais de glace mais aussi Les oiseaux et Le germe. Que l'éditeur souhaite faire connaître ces œuvres, je n'y vois aucun inconvénient. La présentation a quand même tendance à placer la charrue avant les bœufs. L'impression finale est que parmi ces 13 nouvelles, une petite moitié ne laisseront quasiment aucun souvenir, car beaucoup trop anecdotiques.

Electron
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le 22 janv. 2017

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