Après un premier opus divertissant mais au rythme bancal, Strike et sa complice Robin reviennent en grande forme pour une enquête dans le milieu de l’édition. Si JK "Galbraith" Rowling possède toujours une aisance narrative envoûtante, elle cède encore une fois à son vieux démon du remplissage.
Moins marquées car plus maîtrisées que dans L’appel du coucou, les longueurs font également des incursions répétées dans ce roman. L’ensemble parait malgré tout plus digeste car les éléments fautifs s’intègrent mieux à l’intrigue et n’apparaissent plus comme des incrustations hors sujet. Le rythme est toujours aussi lent mais Strike et Robin profitent de réels efforts de développement psychologique.
La structure du livre est quasi identique à celle du précédent, Strike interrogeant l’un après l’autre les suspects du meurtre dans un ordre savamment pré établit. Peu de rebondissements, une tension lancinante, mais Rowling laisse toujours traîner des petites miettes qui suffisent à stimuler l’appétit du lecteur. Entre l’enquête criminelle, les confrontations avec les suspects et la relation Strike/Robin, les miettes arrivent toujours à sustenter. On connaît le talent de la britannique pour tisser des personnages complexes et humains. Sans fioriture et sans pathos, Rowling ajoute une fois encore une nouvelle épaisseur à ces personnages qui semblent maintenant équipés pour affronter de nouvelles aventures.
L’intrigue est plus dure, plus cynique que la précédente. Comme chez Agatha Christie, Rowling arrive à créer une certaine tension avec peu de moyens. Peu spectaculaires, les scènes paraissent presque sous perfusion mais ce flegme, déroutant de prime abord, distille une atmosphère propre qui suscite l’intérêt malgré ses fragrances anesthésiques.
Rowling excelle en alchimie, sa discipline préférée depuis Poudlard. Elle arrive avec ce second roman sous couverture à fusionner une intrigue complexe et cohérente avec le quotidien d’un couple d’enquêteurs en phase d’œuvre au noir. Après la saga Potter, le virage semble bien amorcé.