Retour à ses sujets classiques
Avec ce "Verdict du Plomb", Connelly, dont on admet tous, fans ou pas, la fortune fluctuante depuis une bonne dizaine d'années, semble retourner à ses sujets classiques, extrêmement techniques et crédibles, et à la forme appliquée, tenue, qui avaient fait son succès dans ses premiers livres. Ce livre comblera donc ceux qui, comme moi, apprécient la profonde connaissance de son sujet (L.A., sa police et sa justice) que l'ex-journaliste sait déployer avec minutie dans ses meilleurs livres. D'autres trouveront le livre ennuyeux, et c'est compréhensible, tant on peut ici parfois se perdre dans le micro-détail, et tant le suspense et l'action "à la Coben" ne font pas partie des préoccupations principales de l'auteur. Petite astuce également qui ajoute au charme du livre, le fameux Harry Bosch, dont le livre présente soi-disant une enquête, est en fait un personnage secondaire (mais un deus ex-machina quand même) : j'aimerais que, comme Eastwood la fait avec son double film sur Iwo-Jiwa, Connelly nous propose un second livre, la même histoire mais racontée par Harry Bosch, et sous-titrée "un procès de Mickey Haller" : ça serait drôle, mais sans doute un peu trop conceptuel pour la "littérature de gare" US !
Ce qui déçoit pourtant dans "le Verdict du Plomb", c'est la manière artificielle et finalement assez inintéressante dont Connelly ramène une révélation finale aussi fumeuse que mal construite, et donc beaucoup moins stimulante que les aspects "techniques" du procès qui a constitue le coeur du livre, sans parler de la construction ridicule et inutile d'un lien entre Haller et Bosch, qui ne fait que souligner l'artificialité du procédé. Dommage... [Critique écrite en 2010]