C'est quand même bien distinct de la rigidité classique que l'on me vend depuis le secondaire. En vérité, peu m'importe de savoir que la pièce s'offre davantage à l'esthétique baroque par moments ; c'est que je regrette surtout que l'on m'a caché l'œuvre de Rotrou pendant si longtemps. Après la lecture de Corneille - trop alambiqué - et de Racine - qui se répète sans cesse -, Le véritable Saint-Genest se devine comme un nouvel ailleurs. Effectivement, Rotrou n'est pas aussi "précieux" que ses contemporains ; n'écartons pas son génie. Il y a là la tentative intelligente de corriger l'écart entre la fiction et la réalité, qu'assure un jeu métafictionnel ; à cela, il faut ajouter une ambiguïté de l'auteur au regard du crédit qu'il accorde à son héros pour son sacrifice. Une lecture augustinienne ou sceptique de la grâce ? Le lecteur est perdu. Sans doute le Saint-Genest de Rotrou apparaît à cet égard comme une pièce véritablement singulière. Une fois de plus, la littérature du dix-septième témoigne de la profonde réflexivité qu'elle emploie ; Le Roman comique de Scarron, Le Roman bourgeois de Furetière, ou L'Illusion comique constituent d'autres exemples.


Comparez le portrait de Rotrou avec ceux de l'auteur de Phèdre, et celui du Cid ; voyez qui semble le plus sympathique.

Insolourdo
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le 23 déc. 2019

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