Voilà un roman brumeux dans tous les sens du terme. Si on étouffe bien climatiquement de la moiteur, de la chaleur permanente, de l'humidité, c'est aussi socialement, entre honte de la grande pauvreté ambiante et de l'ennui entre occidentaux désoeuvrés et la honte de la digression.
Dans la narration, les énigmes et intrigues s'accumulent sans être résolues, au point qu'il semble que la lectrice et le lecteur semblent devoir s'y résoudre. Et, finalement, ces histoires ne seraient-elles qu'un long songe sans fin, donc, par définition, sans queue ni tête ? Ce serait peut-être une explication plausible à ce roman assez court, mais touffu et complexe.
On s'enlise dans la boue, comme le fait de ne pas pouvoir tout comprendre, et l'auteure semble prendre un malin plaisir à rebattre les cartes de manière sinueuse. C'est assez frustrant, comme si elle cherchait à décevoir en permanence, à mener en permanence, "en barque" au-dessus du boueux Gange, en regardant avec délectation ses lecteurs s'enliser. C'est à la fois intrigant et désagréable, et laisse un goût amer, tant an fond que dans la forme.