Retour de lecture sur un très court livre d'Italo Calvino, "Le vicomte pourfendu", paru en 1952 dans sa version originale en Italien. Ce livre est le récit d'une histoire totalement exubérante et farfelue à propos d'un vicomte, le vicomte Medard de Terralba, dont l'action a lieu au XVIIIe siècle. Celui-ci a été coupé en deux à la guerre, et les deux moitiés continuent de vivre de manière indépendante, l'une étant le bon côté du personnage, l'autre étant son mauvais côté. Le style d'écriture, qui est un des points positifs, est léger et surtout très ironique, que ce soit dans sa manière de raconter l'histoire, avec de nombreux détails comiques, ou dans le choix des noms de lieux ou des personnages. L'univers médiéval et fantasmagorique créé par Calvino et qui tient lieu de décor pour cette fable, est particulièrement bien réussi. Les personnages s'intègrent parfaitement dans cet univers, l'ensemble définit un monde imaginaire très cohérent. Le récit s'apparente à un conte philosophique, avec en plus une dimension d'apprentissage, vu que le narrateur, neveu de ce vicomte, est proche d'être adulte. C'est plutôt amusant et agréable à lire, mais l'intérêt se limite pratiquement à cela, cela ne va pas forcément très loin dans la réflexion. L'histoire évoque la dualité entre le bien et le mal dans une même personne, et peut aussi être vue comme une critique du manichéisme, chaque demi-vicomte représentant le bien et le mal. Tout cela reste assez caricatural, et l'histoire, même si elle est très originale, reste un peu simpliste. D'un autre côté, vu le format du livre, qui est très court, il est difficile de s'attendre à quelque chose de beaucoup plus profond. Au final, c'est une lecture de divertissement, très amusante, qui sous ses airs légers, nous pousse quand même à nous interroger sur notre manière de fonctionner, entre ce que nous estimons être le bon et le mauvais.