Le viel homme et la guerre est un roman publié aux Etats-Unis au début des années 2000, en 2004 précisément, par John Scalzi et publié ensuite en France par L'Atalante. John Scalzi a été journaliste, avant de se consacrer exclusivement à la littérature. Cette dernière se veut divertissante, facile à lire.
L'auteur prend un parti pris surprenant, celui d'envoyer à la guerre des personnes âgées de 75 ans dans l'univers, après une « reconstitution » et un entrainement digne des meilleurs scènes de Full metal jackett, donnant un vernis militariste. Ce concept de donner la possibilité aux personnes âgées de leur fournir une deuxième jeunesse pour faire la guerre est nouveau selon John Scalzi lui-même. Le héros redécouvre la sexualité, son corps... lors d'une orgie mémorable... d'une semaine .
Ce roman me questionne car il avalise dans une première lecture deux concepts étasuniens établis au cours du XIXè. siècle, celui de « frontière » et celui de « destinée manifeste » qui ont justifié les pires crimes : génocide des Amérindiens, politique d'expansion coloniale, mise en place de gouvernants fantoches dans des républiques bananières au nom du dieu dollar... et j'en passe. Il semble tout droit prendre le parti de Robert Heinlein dans ses romans Etoiles, Garde à vous et Outreterres qui justifient le droit pour les hommes de s'étendre à travers l'espace.
Le héros, John Perry, se voit offrir un nouveau corps à l'issue d'une existence longue de 75 ans. Veuf transi, rien ne semble l'attacher à une Terre qui a subi une guerre qui a vu l'usage par les états du nord – et notamment des Etats-Unis – de l'arme atomique sur les pays du Sud. Par une ironie du sort, les Américains ne peuvent plus désormais découvrir l'espace qu'en incorporant les forces de défense des colonies, ces dernières étant peuplées exclusivement par les descendants de ceux qu'ils ont atomisés.
A cette première lecture, j'aurai mis 0,5 sur 5. Toutefois, à bien y réfléchir, Le viel homme et la guerre est un roman anti-miltariste, plus subtilement que La guerre éternelle que je préfère toutefois à mon humble avis. Il faut connaître l'ensemble de l'oeuvre de John Scalzi pour comprendre son attachement aux idées progressistes. Chaque personnage est porteur d'une identité propre : femme, homosexuel, femme... Il y a une grande bienveillance de la part de l'auteur. Le lecteur peut s'identifier à John Perry qui doit faire face à des situations hallucinantes et à des personnages parfois caricaturaux, décrits avec ironie. A part sa couleur verte, on ne connaît rien de sa physionomie. Il en est de même dans tous les romans de John Scalzi.
Le héros découvre au fur et à mesure que l'institution coloniale lui a caché beaucoup de chose et qu'il est l'instrument d'un régime totalitaire. Les colons humains qui se révoltent ne sont-ils pas eux-mêmes exterminés.
Toutefois, il y a beaucoup de l'auteur et de sa famille, ses amis, dans les différents personnages. Les personnages féminins sont particulièrement forts, plus que beaucoup d'hommes.
L'incipit du roman résume le livre. Scalzi développe à partir de cette idée le pourquoi on quitte sa planète à 75 ans pour s'engager. On a deux parties : l'engagement et les batailles comme dans Full metal Jackett. Scalzi est entre l'apologie de la guerre et la parodie. On a un personnage principal qui cherche à s'en sortir et à demeurer humain, toujours avec ironie et sarcasme, même si on peut être horrifié par ce qu'il fait endurer aux Aliens qu'il extermine et surpris dans sa volonté d'abandonner son existence passée dans une Amérique contemporaine désuète. Est-ce le fait d'un traduction surannée ? Il semble que c'est le dernier roman traduit par la traductrice. En fait, toute traduction est une interprétation.
Je ne peux que conseiller le petit roman de Genefort intitulé Opexx sur le thème de la colonisation de l'espace par les humains. Existe-t-il d'autre réponse possible que celle des armes ?
En outre ,je me pose une dernière question sur le droit pour l'homme de coloniser de nouvelles planètes, alors qu'il est en train de détruire son berceau. Je ne peux que mentionner Becky Chambers et son roman Apprendre, si par bonheur