Rencontre avec un titre remarquable

Ce livre est d’abord une belle rencontre, un vrai coup de foudre, entre l’auteur inconnu à l'époque Luis Sepulveda et l’éditrice Anne-Marie Métailié. Envoûtés par les sortilèges d’Antonio José Bolivar, le vieux chasseur qui était aussi un peu chamane ils ont vécu une sorte d’ histoire d’amour qui dure encore.

Le titre du livre est intrigant mais un peu trompeur. Certes le vieux chasseur Antonio José Bolivar lit des romans d’amour, « l’antidote contre le venin de la vieillesse » mais le vrai sujet est ailleurs. C’est une immersion dans la forêt amazonienne, celle qui est en train de brûler dans l’indifférence générale. Notre maison brûle et nous regardons ailleurs...

Luis Sepulveda dénonce dès le prologue les grands criminels, « ceux qui ont tailleur et manucure et qui disent agir au nom du progrès », c’est à dire les responsables des multinationales minières et pétrolières. En avant-garde de ceux-là il y a les chercheurs d’or qui tuent sans raison les ours à miels inoffensifs et les tigres sacrés et subiront dans le livre la vengeance de la nature.

Nous voyageons donc au plus profond de la forêt amazonienne et nous rencontrons ses meilleurs défenseurs :les Indiens Shuars de l’Equateur, appelés péjorativement les Jivaros (les sauvages) par les Espagnols. Comme le vieux chasseur nous devons écouter les leçons des Shuars qui connaissent les secrets de la nature mais qui sont obligés de fuir devant les énormes machines qui ouvrent les routes.

Le livre fait partie de ceux qui se lisent d’une traite. Sepulveda a une imagination fertile, et le livre, court, presque trop, possède l’innocence oubliée des romans d’aventure pour adolescents, à la Jack London.

Livre à conseiller à un jeune homme ou une jeune fille qui, n’ayant jamais lu aucun livre, ce qui arrive de plus en plus souvent, veut lire un livre court, facile à lire et surtout sans histoire d’amour à l’eau de rose.