L'année dernière, j'avais lu mon premier roman de Jim Harrison, Péchés capitaux, qui venait de paraître chez Flammarion et qu'on m'avait vanté comme un nouveau Bukowski.
Après quelques paragraphes lus en diagonale, j'avais déclaré ce livre plat et absolument pas original. Alors que je viens de terminer Le Vieux Saltimbanque, je dois bien me l'avouer : sûrement, il y a quelque chose qui a dû m'échapper. C'est simple : entre l'auteur et la lectrice, un des deux a été mauvais, et après la lecture que je viens de finir, il faut bien que je remette un peu d'humilité dans tout ça.
Non pas que j'imagine que la masse de SensCritique se sentira flouée de m'avoir suivie dans l'injustice faite à cette légende, ni même que cette même masse applaudira ce déballage - mais au moins pour ma conscience, il est temps de rectifier, et publiquement de surcroît : Jim Harrison est un véritable artiste, et un grand écrivain. Peut-être, certes, que j'en fait un peu trop, mais ceci est un mea culpa et quelques Notre père ni suffiront pas.
Passons donc enfin à l'objet de ma rectification.
Le Vieux Saltimbanque est la suite (et fin) des mémoires de Jim Harrison, un récit autobiographique qu'il a écrit (pour la première fois) à la troisième personne. L'auteur, qui avait "décidé de publier des livres jusqu'à sa mort", est décédé à peine un mois après la parution de ce texte dans sa langue originale. Il raconte dans ce roman une série d'anecdotes aussi truculentes que touchantes, sans chronologie, mais qui s'enchaînent parfaitement.
Et en effet, l'auteur ici dépeint partage plus d'une obsession avec Bukowski : entre une rasade d'alcool et une œillade appuyée pour de longues jambes galbées (suivie d'un moment d'imagination inspiré par les dites jambes), l'auteur revient sur son travail d'écriture, sur l'omniprésence de la poésie, sur ses lectures et lecteurs. Mais quand l'un a une passion pour les courses et la ville, l'autre préfère la pêche, la nature, et un bon repas.
Ce fut en définitive ce qui le poussa à devenir écrivain. Puisqu'une telle horreur peut arriver à ceux qu'on aime, alors autant profiter de son séjour terrestre pour suivre les penchants de son cœur.
Une chose est sûre : comme Bukowski, Harrison a consacré sa vie aux mots autant qu'à la chair.