Pour tout voyageur en Arménie, la visite du Lac Sevan, aux proportions dignes d'une mer intérieure, est impérative et enchanteresse. C'est à proximité de celui que Gorki a décrit en ces termes : "Un morceau de ciel qui serait tombé sur terre parmi les montagnes", que Susanna Harutyunyang a situé Le village secret, un lieu hors du monde dont pourtant les habitants sont arrivés à cause des horreurs qui se déroulés dans tout le pays. En arrière-plan du roman, en effet, c'est le génocide arménien qui est évoqué, avec pudeur, avant que l'Union Soviétique n'annexe le territoire. L'écrivaine décrit une communauté qui vit en complète autarcie, seul l'un d'entre eux s'aventurant de temps à autre dans le monde extérieur, jusqu'à Erevan ou Ararat. Ce n'est pas une mais bien des histoires que raconte et noue l'autrice, des légendes venant se mêler à une réalité pittoresque, bien que parfois dramatique. Dans une littérature du Caucase bien mal connue en France, avec seulement quelques traductions ces dernières années, en particulier géorgiennes (Merle, merle, mûre), Le village secret apporte un véritable vent de fraîcheur, avec son style poétique proche du réalisme magique mais qui évoque aussi, un peu, les univers d'auteurs tels que l'Ukrainien Andreï Kourkov ou l'Estonien Andrus Kivirähk (dont on attend désespérément un nouveau roman).

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le 13 juin 2024

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