Que faire quand on est sans le sou, sans famille fiable, et sans compétence utile à la société? C'est le cas de Randal qui perdu ses parents très tôt, a vu la fortune qu'ils lui avaient laissés dilapidées par son oncle, et n'a jamais eu gout à l'école. Et bien Randal a trouvé la solution en se faisant voleur. Ce n'est pas vraiment une vocation, mais ça reste un travail. Il s'est fait voleur comme d'autre se font hommes politique ou actionnaires. Des individus dont la société n'a pas réellement besoin, si ce n'est pour occuper cette masse d'hommes inutiles. Car sans voleur nul besoin de gendarme, sans militant d'extrême gauche nul besoin de militant d'extrême droite, sans patron nul besoin d'ouvrier, et inversement.
Tout le monde en prend pour son grade dans cette vaste critique sociale qui rappelle l'esprit des Lumières en plus badass. L'auteur se place constamment en milieu des débats pour mieux donner des claques à chacun des partis, sans pour autant se perdre en contradiction ou en une espèce de haine aveugle. Ce qui frappe c'est la justesse des critiques tout comme la virulence avec lesquelles elles sont formulées.
Dommage que la trame qui sert de fond à cet essai philosophico-politique soit aussi inintéressante, et même souvent invraisemblable. Randal croise et recroise constamment les mêmes personnes dans des situations toutes plus improbables. Il suffit qu'il se rende à un endroit pour que tout son réseau y soit présent. C'est bête mais ce côté invraisemblable m'a profondément agacé et j'aurais préféré que Darien sacrifie son récit au profit d'une leçon de morale poignante, plutôt que d'essayer d'inventer des péripéties aussi absurdes.
Pour autant je ne regrette pas d'avoir lu ce livre car sa portée morale en font un indispensable.